Intervention de Yannick Bodin

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 15 juin 2010 : 1ère réunion
Audition de M. Luc Chatel ministre de l'éducation nationale

Photo de Yannick BodinYannick Bodin :

Monsieur le ministre, quittons quelques instants les Bisounours et revenons à la réalité.

Au début de vos propos, vous avez dit - sans doute sincèrement - rechercher la réussite de tous les élèves, afin que l'excellence puisse éclore partout. Mais vous avez oublié votre mission première : supprimer la moitié des fonctionnaires de l'éducation nationale. À ce propos, il a été dit que votre ministère serait le plus « impacté » par cette politique, car c'est celui où il y a le plus de fonctionnaires.

Vous avez mentionné l'internat d'excellence de Sourdun, mais les 2 500 lycées d'enseignement général de France vous laissent une grande marge de progression !

D'ici peu, les enfants de moins de trois ans ne seront plus scolarisés.

Avec la fin de la carte scolaire, vous avez créé des ghettos réservés aux jeunes de la diversité, pour ne pas dire des ghettos ethniques. Je pourrais citer des exemples.

Sous prétexte d'aider au rattrapage, vous supprimez largement les réseaux d'aides spécialisées aux élèves en difficulté (RASED), alors qu'il s'agit de métiers différents. Il en va de même à propos du samedi matin, avec des heures d'accompagnement pour certains, mais surtout des heures perdues pour tous.

Enfin, vous réduisez la formation professionnelle des maîtres, prétendument pour leur conférer un master 2. Le résultat n'a pas loupé ! M. Renar vient de rappeler ces stages de cinq jours dans des boîtes, payés 600 euros par des jeunes qui viennent d'obtenir leur mastère et qui ont la pétoche à l'idée d'entrer dans une classe. La disparition de l'année de stage vous a fait « gagner » 16 000 emplois. Quelle économie !

À propos des rythmes scolaires, qui encadrera les nouvelles heures d'éducation physique et de sport l'après-midi ? Pas les maîtres d'EPS, puisque leur nombre diminue. Alors qui ? Le privé ? Les collectivités territoriales ? Chaque année, vous supprimez les postes par dizaines de milliers !

Tout a été dit sur l'enseignement agricole. Faut-il vous parler de la médecine scolaire, si tant est qu'elle existe encore ? Faut-il vous parler de l'orientation ?

Comme un certain nombre de ministres, vous vous livrez à un exercice qui exige bien des qualités, mais la recherche d'économies réduit la capacité de l'éducation nationale à assurer sa mission. Sur chaque poste, vous présentez une théorie tendant à justifier une mesure dont le motif réel est d'atteindre votre principal objectif : supprimer un fonctionnaire sur deux. Votre discours manque de crédibilité, car l'éducation nationale est en danger. Elle ne représente plus une priorité nationale, ce dont vous êtes responsable.

Comme de nombreux collègues, je doute que l'éducation nationale soit plus efficace avec moins de moyens.

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