Je reviens sur le rapport de la Cour des Comptes, dont deux observations atténuent vos propos : le budget de l'éducation nationale étant passé en dix ans de 4,5 % à 3,9 % du PIB, la hausse des moyens n'est donc pas clairement établie ; ensuite, l'enseignement primaire coûte en France 10 % de moins que dans le reste de l'OCDE.
Je comprends que les ZEP bénéficient d'une priorité pour la scolarisation entre deux et trois ans, mais les zones de revitalisation rurale (ZRR) manquent de structures adaptées. Parfois, l'académie ne retient que deux des douze enfants de moins de trois ans inscrits !
Vous dites avoir ouvert un grand chantier d'un an sur les rythmes scolaires. Je viens de la Gironde, où la semaine de quatre jours est en place depuis plus de vingt ans. Des chrono-biologistes ont souligné les inconvénients de cette formule. J'étais donc atterrée lorsque M. Darcos a généralisé cette organisation de la semaine scolaire. Et vous vous donnez encore un an de réflexion... Les collectivités territoriales seront-elles représentées au sein du comité de pilotage ? Il faut certes penser au rythme des enfants, mais aussi à la place des collectivités territoriales, qui doivent être associées à l'élaboration du projet, pas seulement à son financement. Enfin, vous avez annoncé 5 000 euros par an pour le sport l'après-midi, bien peu en regard des 70 000 jugés nécessaires par le proviseur du lycée du Mirail. Il faut des installations sportives. Je crains une différenciation par la pénurie.
En Finlande, la formation des enseignants est axée sur la pédagogie plus que sur les connaissances. J'aimerais que l'on aille dans ce sens, car nous avons besoin d'une autre façon de travailler en équipe, avec un projet global tournant le dos à une formation individualiste.
L'orientation commence dès le collège, où trop d'élèves abandonnent le système scolaire sans aucun diplôme.
La suppression de la carte scolaire fait l'apologie des différenciations, avec la ghettoïsation de certains établissements. On parle d'excellence et de méritocratie. Mais celle-ci représente-t-elle la justice ? Où est l'égalité sociale ? Certains jeunes ont beau fournir de grands efforts durant leur parcours scolaire, les places ne sont pas toujours au rendez-vous comme le soulignait encore récemment le sociologue François Dubet.