Intervention de Ivan Renar

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 15 juin 2010 : 1ère réunion
Audition de représentants du syndicat national des entreprises artistiques et culturelles

Photo de Ivan RenarIvan Renar :

Je me réjouis que notre commission reçoive aujourd'hui votre délégation. Nos rencontres devraient être plus régulières, comme elles l'étaient autrefois avant le budget. Hélas !, je note une méfiance des artistes, et du monde de la matière grise en général, envers les parlementaires, une conception très verticale des rapports avec l'État. N'oubliez qu'il existe, aux côtés de l'exécutif, le pouvoir législatif et qu'un parlementaire, qui a reçu deux ou trois lettres sur le même sujet, s'émeut et devient vigilant sur la difficulté signalée. Le débat sur la clause de compétence générale ne concerne seulement pas le secteur culturel, mais aussi le secteur social. Déjà, des programmes de construction de crèches sont supprimés du jour au lendemain. Votre mouvement doit donc rassembler davantage. Les conseils régionaux sont désormais des nains fiscaux, ils n'ont plus aucune fiscalité propre. Et leur dotation va être gelée. Résultat, l'orchestre national de Lille, dont je suis président, risque de disparaître, faute de la subvention de la région. Nous devons faire oeuvre de pédagogie. Certaines communautés urbaines, notamment celle de Lille, n'ont pas pris la compétence culturelle, bien qu'elle profite de toutes les structures culturelles financées par la région. La compétence culturelle, comme celle des droits de l'homme, doit être universelle. La culture est aussi importante que l'éducation, le logement ou l'accès à la nourriture. L'État doit jouer, en la matière, son rôle de garant d'une création indépendante, signe d'une société démocratique.

La bataille, même si je n'aime pas ce vocabulaire militaire, ne fait que commencer. La réduction de 10 % du budget de la culture pèsera davantage sur les structures culturelles importantes, comme les scènes dramatiques nationales. La situation n'a jamais été aussi grave qu'aujourd'hui. « Les enfants, là est la clé du trésor ! » disait Malraux. Or l'école, qui forme avec la télévision le pilier de la culture de masse, est aujourd'hui laissée en déshérence. Heureusement que nous pouvons compter sur les interventions des artistes en milieu scolaire ! J'ai d'ailleurs toujours milité pour que ces heures soient comptabilisées au titre du régime de l'assurance chômage des intermittents. Les arbitrages sur le budget de la culture seront rendus à Avignon, puissions-nous nous rencontrer de nouveau avant le débat budgétaire à l'automne. Les menaces sur les financements et l'assurance chômage des intermittents sont des blessures ouvertes. La démocratisation de la culture est un combat permanent en milieu rural et en milieu urbain difficile. Roger Planchon n'affirmait-il pas déjà il y quarante ans : « Les ouvriers ne vont dans les théâtres que pour les construire » ?

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