Il ne faudrait pas, nous dit-on, dramatiser la situation quand attaquer les collectivités, c'est attaquer 75 % du budget de la culture ? Le jour où le Sénat a adopté l'article 35, j'avais pourtant mis en garde mes collèges. Messieurs les représentants des organisations, méfiez-vous des chiffres du Parlement. Ils veulent dire autre chose avec les nouvelles méthodes financières. Pour exemple, en tant que membre du conseil d'administration de l'Ensemble Intercomporain, j'ai appris la semaine dernière que nous devrions fermer la porte si nous n'avions pas un fonds de roulement, lequel se tarira en 2013. Se tourner vers le mécénat ? Mais la situation n'est-elle pas difficile pour les entreprises ces temps-ci ? En plus, si le mécénat est facilité par une niche fiscale, qui nous dit que cette niche fiscale ne fera pas l'objet du coup de rabot en plus de la réduction du budget de la culture de 10 % décidée sans concertation par M. Fillon. ? La conception du financement même a changé. Il suffit de se reporter au « petit grand emprunt » pour le comprendre. Lors d'une récente réunion de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques, Mme Kosciusko-Morizet n'a-t-elle pas déclaré qu'il n'y aurait pas plus que 25 % de subventions et qu'une partie d'entre elles devraient donner lieu à un retour sur investissement ? Bref, les chiffres publics sont un mirage. Même discours en Avignon l'an dernier où l'on a entendu un financeur déclarer que toute subvention devait être soumise à la notion de profit ! Il faut donc un mouvement fort pour contrer cette tendance de drainage de l'aide publique vers le privé. La question de la responsabilité du service public est posée. Quant au bricolage intervenu à l'Assemblée nationale, ma collègue a légitimement évoqué ces gigantesques mastodontes que seront les métropoles. Celles-ci pourront décider de tout.
On n'entend pas aujourd'hui assez parler de création dans les textes publics et politiques. Qui peut le faire mieux que vous ? Vous en parlez beaucoup, mais labourez encore, sans quoi, quand la disette sera là, nous aboutirons à une festivalisation des pratiques artistiques. Enfin, le régime d'assurance chômage des intermittents aurait dû être sauvé à l'Assemblée nationale, mais le président Accoyer a demandé le quorum ! Nous pouvons néanmoins encore redresser la situation. Le Sénat compte de nombreux sénateurs sensibles à cette question. Rendez-nous visite ! Assistez à nos débats dans les tribunes !