Intervention de Michèle Alliot-Marie

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 30 août 2006 : 1ère réunion
Situation au liban — Audition de Mme Michèle Alliot-marie ministre de la défense

Michèle Alliot-Marie, ministre de la défense :

En réponse, Mme Michèle Alliot-Marie, ministre de la défense, a apporté les éléments d'information suivants :

- le désarmement du Hezbollah n'incombe pas à la FINUL, mais doit découler d'une volonté conjointe de cette milice et de l'action de l'armée libanaise. A terme, la restauration de la souveraineté du Liban et sa reconstruction politique devraient conduire à la disparition de toute milice armée ;

- la levée du blocus israélien est un préalable nécessaire à l'amorce de la reconstruction du Liban ;

- le gouvernement libanais a décidé d'assurer lui-même la surveillance de la frontière avec la Syrie ; une assistance technique et matérielle éventuelle de l'Allemagne pourrait appuyer cette mission ;

- l'Armée libanaise est confrontée à plusieurs difficultés liées notamment à sa composition multicommunautaire, à une certaine désorganisation et à une insuffisance d'équipements, en particulier pour le transport de troupes ; un renforcement de ses capacités supposerait la levée du blocus israélien dont l'utilité est au demeurant réduite, dans la mesure où la livraison d'armes s'effectue essentiellement par voie terrestre ;

- les moyens lourds envoyés par la France au Liban, comme les chars Leclerc, ont un caractère dissuasif et garantissent la liberté de mouvement et la sécurité des militaires. Cependant, les moyens mis en oeuvre seront adaptés en fonction de l'évolution des missions. La réussite de l'opération en cours constitue d'ailleurs une condition de la crédibilité de l'ONU, dont le rôle reste essentiel pour la paix, par la légitimité qu'elle incarne ;

- la reconstruction du Liban comprend un volet politique essentiel auquel les parlementaires français pourront utilement prendre leur part ;

- l'envoi en urgence de 200 soldats français du génie a eu pour but de permettre aux 2.000 hommes de la FINUL actuelle, cantonnés dans leurs casernes par les combats, de pouvoir retrouver leur liberté de mouvement. La France a été le seul pays à répondre dans l'urgence à ce besoin immédiat ;

- les forces engagées dans des opérations de maintien ou de rétablissement de la paix de l'ONU sont régies par des règles d'engagement définies au cas par cas. La FINUL renforcée, agissant dans le cadre du chapitre VI de l'ONU, disposera cependant de règles d'engagement réalistes et robustes, qui ont été obtenues par la France au terme de 10 jours de difficiles négociations ;

- les opérations militaires menées par Israël au Liban ont souffert de carences du renseignement. L'armée israélienne ne s'est pas engagée prioritairement dans des combats terrestres extrêmement risqués pour ses troupes et les frappes aériennes ont été privilégiées, entraînant un grand nombre de victimes civiles du fait de la capacité du Hezbollah à se fondre dans la population libanaise ;

- la France n'a pas de difficultés à envoyer des forces sur un nouveau théâtre d'opérations, même si elles sont déjà présentes sur de nombreux théâtres extérieurs, notamment en Afghanistan, au Kosovo ou en Côte-d'Ivoire, la professionnalisation des armées lui garantissant des capacités de projection adaptées ;

- sur le plan budgétaire, la présence française au Liban se décompose en deux opérations : d'une part, l'opération « Baliste », destinée initialement à l'évacuation des ressortissants français ou étrangers du Liban ; d'autre part, sa participation au renforcement de la FINUL. Le coût total estimé s'élève à 100 millions d'euros sur un an, dont 70 millions pour les 2.000 personnels engagés dans la FINUL renforcée. D'éventuels remboursements par l'ONU pourront atteindre entre 10 à 20 millions d'euros par an ;

- la FINUL disposera des moyens d'observation dont l'opération « Baliste » est déjà dotée grâce à la présence de frégates françaises au large des côtes libanaises.

Le président Serge Vinçon a alors relevé le soutien unanime apporté par les membres de la commission à l'action du Chef de l'Etat et des ministres concernés dans la gestion, tant diplomatique que militaire, de la crise libanaise.

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