Intervention de Jean de Ponton d'Amécourt

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 1er décembre 2010 : 1ère réunion
Situation en afghanistan — Audition de m jean de ponton d'amécourt ambassadeur en afghanistan

Jean de Ponton d'Amécourt, ambassadeur en Afghanistan :

Sur décision de l'Union européenne toutes les compagnies aériennes afghanes sont interdites de vol en Europe. C'est légitime parce que l'Afghanistan traîne les pieds pour mettre en place une autorité aérienne compétente. Mais, la communauté internationale ayant offert une assistance, cela se fera. Pour l'heure, il faut transiter par Dubaï.

Quelle sera la date de notre départ de Surobi ? Une décision de principe devra être prise par le Janib et le Président de la République française devra donner son accord en conseil restreint. Tout le monde est d'accord sur le fait qu'il est prioritaire de restituer aux Afghans la souveraineté, comme nous l'avions fait sur leur capitale. L'échéance est proche.

Je reconnais n'avoir pas assez insisté sur l'importance de la partie afghane dans les opérations militaires. Car tout ce que nous faisons là-bas, c'est pour et avec les Afghans. Rien ne peut se faire sans eux. En Surobi et Kapisa, 150 de nos gendarmes encadrent et forment des Afghans dans le cadre des Police operational mentoring and liaison team (POMLT). Ils y font un excellent travail.

Autre exemple, le pôle de stabilité de dix personnes à Tagab, destiné à assurer la conduite de l'aide civile par les civils, en liaison avec les militaires, se met en place, en coordination étroite avec les autorités afghanes locales et centrales.

Le général américain Petraeus et les autorités américaines aiment rappeler l'influence des théoriciens français de la contre-insurrection, parmi lesquels figurent, outre Roger Trinquier, David Galula et le maréchal Lyautey. Une guerre contre-insurrectionnelle se remporte sur le plan civil, et non sur le plan militaire ; cette vue est tout à fait conforme de la décision de la Conférence de Lisbonne.

J'en viens à notre coopération avec les forces de l'ordre afghanes. La France forme des unités de gendarmerie, à Mazar-e Charif et dans le camp de la province de Wardak, des unités de police destinées à assurer la protection des hautes personnalités, et aux métiers de la police scientifique. Nous sommes également très présents à travers la formation de l'armée et des officiers au travers de l'opération Épidote. Aujourd'hui, l'armée nationale afghane est incontestablement de qualité : elle compte de bons combattants, sa structure est satisfaisante, son équipement correct. En revanche, elle ne maîtrise pas les fonctions de command and control et ne possède pas les équipements lourds nécessaires -en artillerie et hélicoptères- pour conduire librement des opérations. Néanmoins, les Américains disposent d'un budget colossal de 1 milliard de dollars destiné à la formation et à l'équipement de l'armée afghane. Dès lors, la situation ira s'améliorant.

Quant à la culture du safran, les Italiens sont les premiers à l'avoir développée dans la province du Helmand. L'Afghanistan retrouve son rang parmi les premiers producteurs mondiaux alors que cette culture, qui remplace idéalement celle du pavot, avait disparu un peu partout dans le monde pour des raisons de coût et de main-d'oeuvre.

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