Intervention de Didier Boulaud

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 1er décembre 2010 : 1ère réunion
Situation en afghanistan — Audition de m jean de ponton d'amécourt ambassadeur en afghanistan

Photo de Didier BoulaudDidier Boulaud :

Monsieur le président, votre rappel me fournit l'occasion de souligner la divergence de nos points de vue sur la politique que la France mène en Afghanistan ! Merci, Monsieur l'ambassadeur, des informations utiles que vous nous avez données ; celles-ci nourrissent notre frustration de ne pas obtenir le débat parlementaire en présence des ministres des affaires étrangères et de la défense que nous réclamons à cor et à cri depuis longtemps.

J'ai été frappé, dans vos propos, par la difficulté qu'éprouve la France à entrer dans les cercles décisionnels. Elle pèse peu dans cette guerre fondamentalement américaine, l'OTAN étant elle-même aux ordres des États-Unis. En outre, si la mission FIAS a un mandat de l'ONU, ce n'est pas le cas d'Enduring Freedoom. Nous sommes aujourd'hui enfoncés dans un bourbier : après avoir chassé les talibans du pouvoir, il aurait fallu laisser les Afghans régler leurs problèmes. Nous sommes pris dans un tourbillon infernal depuis que le Président de la République a décidé que la France réintégrerait le commandement intégré de l'OTAN. Pour preuve, même si le Président de la République aura son mot à dire, les Français quitteront la province de Surobi, avez-vous reconnu, lorsque les Américains auront décidé de transférer le pouvoir aux Afghans.

Vous avez soulevé l'idée d'une conférence internationale, que MM. de Rohan, Chevènement et moi-même suggérions dans le rapport que nous avons remis sur l'Afghanistan et son contexte régional. Il faudrait y associer l'Inde, qui est toujours réservé face à de telles initiatives, et l'Iran, qui a longtemps collaboré avec l'Afghanistan, avant que le président Bush ne décide de le déclarer un État voyou. Dans ces conditions, obtenir de l'Iran qu'elle regagne la table des négociations sera extrêmement difficile. Par parenthèse, pour en revenir aux théories de David Galula, la France, si je ne m'abuse, a gagné la guerre en Algérie au plan militaire, mais l'a perdue en termes politiques.

Le retour des talibans à la table des négociations relève de la responsabilité de M. Karzaï ; c'est une affaire afgho-afghane. Pour avoir voulu s'en mêler, les services secrets britanniques, a récemment signalé la presse, ont été bernés par un faux chef taliban, qui n'était autre qu'un commerçant de Quetta... Monsieur l'ambassadeur, comment faire revenir à la table des négociations les talibans, qu'ils soient vrais ou faux ? Quel rôle doit jouer la France dans ce processus ?

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