Intervention de Robert Badinter

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 1er décembre 2010 : 1ère réunion
Situation en afghanistan — Audition de m jean de ponton d'amécourt ambassadeur en afghanistan

Photo de Robert BadinterRobert Badinter :

Monsieur l'ambassadeur, j'ai été particulièrement sensible à votre observation sur l'impossibilité de construire la paix civile sans une justice forte, c'est-à-dire indépendante du pouvoir politique et non corrompue. Une vérité trop souvent oubliée !

Revenons-en aux raisons pour lesquelles nous nous sommes engagés en Afghanistan. Dès le lendemain du 11 septembre, la France, la première, a demandé à l'ONU une intervention pour éradiquer le terrorisme et en finir avec un régime qui le nourrissait ou le tolérait.

Al-Qaïda, quelle que soit sa forme, est-il encore enraciné dans la région ? Ben Laden prospère toujours et se manifeste, y compris à notre égard, avec des sentiments peu amènes... J'en viens au point essentiel, à mon sens, la question religieuse, la question des esprits : la force spirituelle et religieuse, à laquelle nous faisons face aujourd'hui, a pour but déclaré la destruction des valeurs occidentales. Si l'Occident ne veut pas admettre cette donnée, sensible partout hors des instances européennes, nous perdrons de vue le réel. Où en est-on sur le champ de bataille spirituel ? Quid des esprits en Afghanistan ? S'ils sont favorables à tout ce que nous avons voulu détruire -le rapport entre société religieuse et société civile, la condition de la femme-, notre retrait, par une dialectique certaine, signifierait que nous serions confrontés à un foyer d'intégrisme qui se nourrit, lui, de l'anti-occidentalisme ! L'accusation d'islamophobie réduit au silence trop de nos meilleurs esprits quand, de l'autre côté, on ne se gêne pas pour espérer l'effondrement de nos valeurs ! Pour s'en convaincre, il suffit de se reporter aux délibérations du Conseil des droits de l'homme ou aux discours tenus au sein du Comité des droits de l'homme de l'ONU. Parler de guerre de Trente Ans, ou de guerre des religions, me semble donc tout à fait approprié.

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