Intervention de Lucienne Redercher

Délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes — Réunion du 19 mai 2011 : 1ère réunion
Femmes et sports — Audition de Mme Lucienne Redercher adjointe au maire de nancy en charge des droits de l'homme et de la lutte contre les discriminations accompagnée de M. Franck Porterat chargé de mission aux droits de l'homme à l'intégration et à la lutte contre les discriminations à la ville de nancy

Lucienne Redercher :

Mme Jacqueline Panis, sénatrice de notre territoire, a suivi nos travaux depuis le début, et je suis heureuse qu'elle ait recommandé notre audition. Nous avons délibérément souhaité n'exclure aucune forme de discrimination, car nos travaux s'inscrivent dans un projet global de promotion des droits de l'Homme et de lutte contre les discriminations. Notre démarche est une démarche de longue durée, qui a commencé l'année dernière et devrait s'achever en 2016. Je suis partisane d'une évaluation ponctuelle à mi-parcours qui nous permettra le cas échéant de vérifier que nos travaux vont dans le bon sens.

Dans cette démarche, nous avons reçu l'appui de la Ville de Nancy et de son office municipal des sports, de la communauté urbaine du Grand Nancy, de l'Unesco, de la Coalition européennes des villes contre le racisme et de l'UEFA, Nancy ayant été pré-retenue pour l'organisation de l'Euro 2012.

Nous sommes partis de la Charte olympique qui dit, en substance : « la pratique du sport est un droit de l'Homme. Chaque individu doit avoir la possibilité de faire du sport sans discrimination d'aucune sorte et dans l'esprit olympique, qui exige la compréhension mutuelle, l'esprit d'amitié, de solidarité et de fair-play... Toute forme de discrimination à l'égard d'un pays ou d'une personne fondée sur des considérations de race, de religion, de politique, de sexe ou autres est incompatible avec l'appartenance au Mouvement olympique... ».

Notre volonté de lutte contre les discriminations se voulait une démarche de cohésion et de rassemblement prenant le sport comme outil fondamental.

Nous avons commencé par établir un diagnostic du problème, qui a fait apparaître les difficultés des équipes féminines ou de handisport et le problème de leur médiatisation. Les discriminations existent indiscutablement dans le sport mais les valeurs dont il est porteur peuvent en faire également un véhicule pour lutter contre ces dérives.

Des campagnes de communication menées par le mouvement sportif et les institutions européennes constituent de bonnes pratiques à poursuivre et à enrichir (le réseau FARE [Football against racism in Europe], « tous contre le racisme » ou encore le Conseil de l'Europe « Dites non à la discrimination », campagne à laquelle la Ville de Nancy s'est associée en 2009). Cependant, très peu de collectivités locales se sont engagées dans ce domaine.

Une fois ce diagnostic posé, nous avons mis en place un projet afin de remplacer les idées reçues par une véritable éthique de la différence.

Nous avons tout d'abord établi un calendrier, dont le point de départ a été constitué par le colloque des 21 et 22 mai 2010, qui s'est tenu à l'Hôtel de ville, sous la forme d'ateliers/tables-rondes rassemblant des clubs sportifs nancéiens (amateurs et professionnels), des associations de lutte contre les discriminations, des personnalités nationales, des universitaires et des élus. Nous avons eu la chance de pouvoir nous appuyer sur l'Unité de formation et de recherche (UFR) en sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS) de l'Université Nancy 1. Cette journée, qui s'est déroulée à l'hôtel de ville de Nancy était placée sous le patronage du Comité national olympique et sportif français (CNOSF). Le colloque avait pour but d'évoquer l'existence effective et les causes de ces discriminations, d'échanger des expériences et des bonnes pratiques et de rechercher des solutions efficaces pour lutter contre cet état de choses. La synthèse du colloque devait ensuite nous servir de base pour l'écriture d'une charte ou d'un code de bonne conduite sur lequel s'engageraient les associations sportives nancéiennes.

Les débats ont été organisés autour de cinq tables-rondes mettant en lumière les discriminations les plus flagrantes, dont l'existence a parfois été difficile à admettre pour certains de nos partenaires. Ces tables-rondes ont porté sur : le racisme dans le sport, le sexisme et la place du sport féminin, le handicap et la place du handisport, l'orientation sexuelle et le sport, l'égalité des chances dans l'accès aux pratiques et aux équipements sur nos territoires.

Le soir précédent, nous avions projeté un documentaire de Michel Royer diffusé à plusieurs reprises sur Arte et intitulé « Homosexualité et sport, c'est quoi le problème ? ». Le colloque a rassemblé 230 participants et 400 internautes ont pu participer au débat par internet. Les débats ont ensuite été diffusés sur le site internet de la ville.

Dans le souci d'impliquer ceux qui ne participent habituellement pas aux colloques et de faire connaître nos travaux au plus grand nombre, nous avons organisé le 22 mai au soir, en conclusion du colloque, un grand rassemblement populaire place Stanislas, devant l'hôtel de ville, baptisé « Tous à la gym place Stan ». Les membres des clubs sportifs, mais aussi les Nancéiens et les touristes ont été invités à faire, ensemble, des mouvements simples de gymnastique, accessibles à tous, en rythme et en musique, afin de montrer que le sport pouvait et devait rassembler au-delà des différences de chacun.

A cette occasion, nous avons distribué un millier de bracelets arborant le slogan « Ensemble, faisons équipe contre les discriminations ! ». Les bracelets étaient symboliquement disponibles en cinq couleurs. Cinq comme les cinq anneaux olympiques. Les couleurs représentaient les quatre ethnies du monde (noir, blanc, jaune, rouge). La cinquième, le vert, représentait à la fois les terrains de sport et le développement durable.

Nous avons également réalisé un premier clip, produit par une association bénévole et amateur, dans lequel apparaissent notamment des parlementaires et d'autres élus attachés à ces valeurs et qui avaient participé au colloque.

Nous avons ensuite créé un comité de suivi, auquel étaient invitées à participer toutes les personnes présentes au colloque pour apporter une expertise, formuler des propositions et pérenniser le projet jusqu'en 2016, année où la France, et probablement l'agglomération nancéienne, accueilleront le championnat d'Europe de football.

Les membres du comité ont bénéficié d'une formation sur les discriminations et ont reçu un kit sur ce sujet, afin que le travail soit bien compris de tous.

Comme nous souhaitons sensibiliser à ce projet tous les citoyens et notamment les enfants, nous avons organisé, la veille du lancement de la Coupe du monde de football en Afrique du Sud, des projections du film « Invictus » auxquelles ont assisté 700 enfants de 9 à 11 ans et 300 bénévoles associatifs. Ces projections ont eu un impact positif d'après les enseignants.

Le 29 mars 2011, dans le cadre des courses de la Saint-Nicolas et en partenariat avec l'Association sportive des Postes et Télécommunications (ASPTT), 4 050 scolaires de 6 à 11 ans ont couru en portant un bracelet et un tee-shirt reprenant le slogan « Ensemble, faisons équipe contre les discriminations ! ».

En sensibilisant les enfants, nous sensibilisons aussi les parents de façon beaucoup plus efficace.

Le projet « Ensemble, faisons équipe contre les discriminations dans et par le sport ! » a été présenté à trois reprises à l'automne 2010 aux Nancéiens, à l'occasion de trois événements organisés par la Ville dans le cadre de manifestations importantes et régulières :

- « Faites du sport », présentant les clubs sportifs dans un grand centre commercial, rassemblant des milliers de visiteurs ;

- « la Journée d'accueil des nouveaux Nancéiens », présentant tous les services de la ville à 600 nouveaux habitants de Nancy ;

- « Les associations en fête », événement où 300 associations ont présenté leurs activités à des milliers de Nancéiens, dans le plus grand parc de la ville.

Le 9 février 2011, la première présentation de la charte « Ensemble, faisons équipe contre les discriminations ! » a été l'occasion d'un échange autour du projet global avec les associations sportives nancéiennes. Les présidents des clubs ont été invités à nous faire des remarques.

A l'automne 2011, vraisemblablement en septembre, en lien avec la communauté urbaine, une nouvelle vidéo du projet, faisant intervenir plus de sportifs, pourrait être diffusée dans divers établissements (clubs masculins, féminins, amateurs ou professionnels).

Ce texte a vocation à être proposé à la signature de tous les clubs nancéiens. La liste des clubs signataires sera diffusée, à destination principalement des parents, sur le site internet de la ville de Nancy. Les associations sportives qui s'engageront sur les neuf points recevront une labellisation spécifique, matérialisée par notre logo.

Nous récompenserons les clubs signataires qui auront mis en place les meilleurs projets. Nous avons également l'intention d'organiser des échanges entre les adhérents des associations sportives qui auront signé la charte et certaines villes étrangères avec lesquelles nous avons tissé des liens dans le domaine de la lutte contre les discriminations, comme notamment Uppsala en Suède.

La charte sera affichée dans les clubs qui l'auront signée et notre logo figurera sur les cartes d'adhérents.

M. Porterat va maintenant vous lire le projet de Charte.

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