En réponse, M. Nassif Hitti a évoqué les éléments suivants :
- il convient d'adopter une approche comparative et sociohistorique dans l'étude des mouvements islamistes ; l'intégrisme sunnite a précédé celui qui prévaut aujourd'hui en Iran, de type chiite, et il y a plusieurs islamismes. D'autre part, l'Iran profite des impasses régionales et de la radicalisation qu'elles engendrent pour exercer son influence croissante ;
- les dix-huit communautés qui existent au Liban ont trouvé dans le passé un modus operandi qui n'a pas été toujours facile à établir, mais basé sur un système où il n'y a ni vainqueurs ni vaincus. Le fait que le Hezbollah monopolise actuellement le pouvoir au sein de la communauté chiite ne lui donne pas la capacité de prétendre à l'ensemble du pouvoir libanais dans un système multiconfessionnel ;
- il existe de fortes dissensions au sein des groupes islamistes présents au Moyen-Orient : ainsi le Hezbollah revendique des objectifs et un champ d'action islamo-nationaux, tout comme le Hamas dans les territoires palestiniens. En revanche, les salafistes revendiquent des objectifs à l'échelle internationale. La nouvelle tension « sunnite chiite » est un facteur dangereux dans la nouvelle géographie communautaire qui s'installe au Moyen-Orient avec le chaos irakien. Cette tension influence les relations irano-arabes tout en étant influencée par ces dernières ;
- aujourd'hui l'Iran est indiscutablement une superpuissance régionale. Le règlement des conflits régionaux ne changera pas ce fait acquis mais en diminuera le poids.