Je souhaiterais apporter les éléments de réponse suivants :
- il est difficile de répondre de façon précise à la question sur les statuts des musées de France, car le travail d'observation est trop faible. Aujourd'hui, personne n'est capable de donner le nombre précis d'établissements publics ou celui des musées organisés en intercommunalité. On peut simplement dire qu'il existe encore, dans les collectivités territoriales, une dominante de la régie directe, même s'il existe des établissements publics de coopération culturelle (EPCC) ou des sociétés d'économie mixte comme à Nantes. Le mouvement est un peu différent au niveau national où se côtoient les établissements publics et les services à compétence nationale (SCN) ;
- en ce qui concerne les collections scientifiques, nous avons déjà mené une réflexion et notre dernière revue est d'ailleurs consacrée au thème des restes humains ;
- nous sommes en attente d'une instruction claire ou d'une circulaire sur les collections d'étude car si certains conservateurs ont su innover en la matière, ils l'ont fait sans fondement légal ;
- la question du déclassement des collections relève du fantasme puisqu'il n'existe aucune demande. En revanche, la question des restes humains reste entière et mérite d'être posée. Notre profession n'est d'ailleurs pas unanime sur ce sujet. Le débat sur les restitutions est grave et essentiel, et si nous avons réagi à propos des manuscrits coréens, c'est parce que nous pensions qu'il aurait fallu définir des critères en amont. La prudence s'impose en la matière. Ce sujet est lié à la question des prêts gratuits car nous considérons que les collections ne sont pas des marchandises. Elles appartiennent à l'humanité et on n'a pas le droit de les monnayer. Il faut une réflexion approfondie de la commission scientifique nationale des collections qui, je le rappelle, ne s'est toujours pas réunie ;
- nous avions beaucoup d'espoirs fondés sur le grand emprunt pour les projets de numérisation. Mais nous n'avons pour l'instant pas de retour et restons dans le flou. L'informatisation des collections a quant à elle été réalisée dans un désordre total. Le système « Joconde » est une réussite mais il est difficile de définir des standards de gestion informatisée de nos collections ;
- le métier de conservateur séduit mais le problème est l'absence de gestion des emplois et qui peut expliquer que certains jeunes se retrouvent sans emploi. Il faut une gestion prévisionnelle des emplois et compétences (GPEC) qui paraît réaliste puisque nous sommes un millier. Il faudrait à ce titre déclarer les vacances de poste et que les collectivités aient l'obligation de puiser dans les lauréats de l'INP ;
- au regard de la dernière étude de l'ADMICAL parue en octobre dernier, le mécénat semble réellement en crise. Il faut toutefois revenir à l'essentiel et rappeler que le musée est un service public qui coûte de l'argent. On ne résoudra pas le problème du financement des musées avec le mécénat ;
- il convient de maintenir les spécialisations des conservateurs et de mettre l'accent sur les besoins de formation dans les domaines scientifiques.