Je partage nombre de vos points de vue, monsieur Renar. Le métier de conservateur requiert beaucoup de polyvalence, surtout lorsqu'il est exercé dans la fonction publique territoriale, mais aussi dans les grands musées. Le conservateur doit garder cette polyvalence car il a une vision globale des choses. Nous utilisons souvent l'expression de chef d'orchestre.
Sur la vision sociale, vous avez cité le terme de quartier. Il faut relever que des actions ont été menées dans le domaine de la politique de la ville. Nous travaillons avec des réseaux comme « Culture du coeur » ou « ATD-Quart monde ». Nous aimerions aussi qu'à la télévision ce travail soit présenté. Le musée est trop souvent envisagé sous un regard intellectuel ou élitiste.
Les relations dans le couple que forment le conservateur et l'élu sont largement abordées dans notre rapport, car elles ne sont pas faciles. Il faut que les jeunes qui sortent de l'Institut national du patrimoine soient préparés à ce dialogue avec l'élu. Or ils ne le sont pas toujours. Une de nos préconisations est ainsi de mettre en place du tutorat et du parrainage de façon à accompagner un jeune conservateur dans sa vie active pour lui éviter certaines erreurs. Ensuite, c'est toujours la règle du jeu du fonctionnaire avec l'élu. Nous avons de grandes difficultés aujourd'hui, avec des litiges qui finissent devant les tribunaux. Ils sont nombreux et cela nous inquiète. Nous avons ainsi constitué au sein de notre association une commission d'examen et d'arbitrage formée de conservateurs honoraires pour aider et conseiller des collègues en difficulté.
La direction des musées de France a fondu en un petit service. C'est dommage car il existait une administration centrale dont les musées ont besoin, notamment pour la bonne application des textes. Il manque aujourd'hui une vraie politique nationale des musées.
Sur la question des emplois, si le Sénat peut nous aider sur ce point, nous en serions ravis, sinon les musées auront à souffrir de ne plus avoir à leur tête des personnels formés et qualifiés. D'ailleurs, je note que la commission de recollement l'a constaté. Là où il y avait des conservateurs, on a retrouvé plus d'oeuvres que lorsque ce n'était pas le cas. Cela prouve que le conservateur est bien là pour gérer les collections.
Nous sommes attachés au principe de prêt gratuit non pour des raisons déontologiques mais pour des raisons pragmatiques. C'est l'idée même de l'arroseur arrosé. Le problème est celui de la réciprocité des autres pays. Aujourd'hui les coûts d'exposition sont de plus en plus élevés, s'il faut y ajouter ceux de la location des oeuvres, le problème se posera vis-à-vis des petits musées. C'est un non-sens total du point de vue économique.
Nos réticences à l'égard du projet du Louvre à Abou Dhabi tenaient à la question de la marque, ce qui nous a choqués. Le Louvre n'est pas une marque, c'est un patrimoine. Maintenant, c'est fait. Il reste cependant des tensions très fortes sur les collections du Louvre.
On observe aujourd'hui de nombreuses fermetures de musées locaux qui ne disposent plus de moyens. La solution est d'unir les moyens, l'intercommunalité en est une qu'il faut encourager.
Nous jouons un rôle dans le développement touristique de nos territoires.