Intervention de Michelle Demessine

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 29 juin 2011 : 1ère réunion
Priorités de la présidence polonaise de l'union européenne — Audition de s. exc. M. Tomasz Orlowski ambassadeur de pologne en france

Photo de Michelle DemessineMichelle Demessine :

Je partage très largement les analyses et les conclusions du président de Rohan, même si je serai un peu moins optimiste. Nous avons eu une mission très complète et très intense au cours de laquelle tous les sujets ont été abordés sans tabous, que ce soit par les civils ou les militaires.

La première chose que j'ai pu constater c'est l'aggravation des conditions de sécurité. Les incidents en Afghanistan ont progressé de 30 % par rapport à 2010. La situation est tendue, même à Kaboul. Les pertes subies par nos troupes en témoignent et je tiens, à ce sujet, à saluer leur courage et la qualité de leur préparation, ce qui n'exclut pas de percevoir un sentiment d'inquiétude.

Deuxième constatation, depuis ma précédente visite, en accompagnant le président du Sénat, je constate un changement de stratégie. Tout a été recentré sur la formation des forces de sécurité afghanes, alors que nous attendons aussi des progrès significatifs en matière de gouvernance, de lutte contre la corruption et le trafic de drogue. Beaucoup d'interrogations demeurent sur la montée en puissance de l'ANA, hors de son spectaculaire bond quantitatif, puisque les effectifs ont progressé de 90.000 hommes en un an. Il existe aussi un problème d'attrition et, visiblement, les questions d'équilibre ethnique persistent. La police et l'ANA ne s'entendent pas et il y a encore, me semble t-il, beaucoup de problèmes de corruption.

Troisième constatation : le rôle central que joue le Pakistan, évoqué par tous nos interlocuteurs. L'ensemble des opérations des insurgés sont dirigées de ce pays et les responsables de la FIAS ont même précisé l'utilisation de certaines usines d'engrais dont les composants sont utilisés pour la fabrication des IED.

S'agissant des discussions qui existent avec les insurgés dans la cadre de la réconciliation, cela reste très embryonnaire et sans grande consistance. La réintégration est par contre un processus plus prometteur. Dans ces contacts, il est vital de ne compromettre en rien les acquis sur les droits de l'homme, singulièrement des femmes, l'éducation etc...

La poursuite du processus après 2014 suscite bien des interrogations. L'impression que j'ai est que seuls existent les Américains et le gouvernement afghan. Dans les négociations sur ce que doit être la coopération après 2014, l'OTAN est absente. Notre position pour l'après 2014 sera un grand sujet de débat.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion