Intervention de Josselin de Rohan

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 9 juin 2010 : 2ème réunion
Assemblée parlementaire de l'otan — Communication

Photo de Josselin de RohanJosselin de Rohan, président :

L'Assemblée parlementaire de l'OTAN a tenu sa session de printemps à Riga du 28 mai au 1er juin derniers. Je conduisais la délégation du Sénat qui comprenait nos collègues Didier Boulaud, Jean-Pierre Demerliat, Joëlle Garriaud-Maylam et Xavier Pintat.

Je souhaiterais mentionner très brièvement quelques-uns des thèmes abordés au cours de cette session, que ce soit dans les différentes commissions ou lors de la séance plénière où se sont notamment exprimés le secrétaire général de l'OTAN, M. Rasmussen, et le ministre de la défense afghan, le général Abdul Rahim Wardak.

J'évoquerai trois points principaux : l'Afghanistan, le concept stratégique de l'OTAN et les relations avec la Russie.

L'Afghanistan a été l'un des thèmes dominants de la session, notamment au sein des commissions politique et de défense.

Le sentiment exprimé par l'ensemble des responsables politiques et militaires ou experts qui sont intervenus est que les mois qui viennent seront déterminants pour le devenir de l'opération de l'OTAN, avec deux enjeux principaux.

En matière sécuritaire, chacun est suspendu aux résultats de la stratégie mise en oeuvre par le général Mac Chrystal, qui consiste à concentrer l'effort sur certaines zones dans lesquelles les taliban ont, jusqu'à présent, disposé d'une très large liberté d'action et de mouvement.

Les responsables politiques ou militaires que nous avons entendus n'ont pas voulu se prononcer sur la réussite des opérations militaires en cours. On évoque, dans le meilleur des cas, un coup d'arrêt à la détérioration de la situation sécuritaire, qui n'est pas exclusif d'une intensification des prises à partie, du fait de l'extension des zones d'intervention de la FIAS.

A la différence de l'an passé, l'insistance n'est plus mise sur les contributions en troupes, mais sur l'envoi de formateurs, pour préparer l'armée nationale afghane. Le besoin supplémentaire officiellement exprimé par l'OTAN est de 400 formateurs, mais le conseiller politique du commandant du quartier général allié de Brunssum, M. Jack Segal, a évoqué un déficit beaucoup plus important de 1 500 formateurs. Il s'est également interrogé, au-delà des objectifs quantitatifs, sur l'aptitude de l'armée nationale afghane à assurer les missions que l'on souhaite lui transférer.

Le second enjeu est politique, avec, au niveau local, la mise en place d'une administration loyale au Gouvernement et, au niveau central, le processus de réconciliation et de réintégration. M. Segal a souligné les limites de ce que l'on peut attendre en la matière. Il indique, par exemple, que la mise en place d'une nouvelle administration, à la suite de l'opération de Marjah, est entravée par d'intenses rivalités entre clans locaux qui entendent bien exercer un contrôle sur les forces de police. De même, il juge peu probable une remise en cause de la gouvernance locale dans la province de Kandahar après les opérations en cours. Quant à un accord politique national, il ne se fera pas, à son sens, sans des concessions notables aux taliban et opposants actuels.

Le représentant de l'administration américaine, M. Alexander Vershbow, secrétaire-adjoint à la défense, a confirmé le calendrier annoncé par le Président Obama, à savoir l'amorce d'une décrue de la présence militaire à compter de l'été 2011, si les conditions le permettent, avec une échéance importante en décembre pour une évaluation de la situation. M. Vershbow a préféré parler de « transition graduelle », plutôt que de retrait, témoignant donc d'une grande prudence sur l'ampleur et le rythme du transfert de la sécurité aux autorités afghanes.

Le secrétaire général de l'OTAN a mis en garde contre un retrait prématuré, qui se traduirait à ses yeux par un retour en force des groupes terroristes.

Le général Wardak, ministre de la défense afghan, a lui aussi voulu attirer l'attention sur ce risque. Il a certes déclaré comprendre la lassitude des opinions occidentales devant la prolongation de l'engagement et il a manifesté la ferme volonté du Gouvernement afghan d'assumer lui-même la sécurité du pays et d'aller résolument vers la transition. Il a toutefois insisté sur l'insuffisance de l'investissement international durant les années qui ont suivi la chute des taliban, estimant que c'est réellement à compter de 2007 qu'a été accompli un effort sérieux en matière de constitution des forces de sécurité et de reconstruction.

Enfin, la présentation d'un rapport sur la cohésion de l'Alliance m'a amené à effectuer deux mises au point. D'une part, le rapport évoquait un manque de solidarité au sein de l'OTAN, en citant cinq pays qui auraient supporté l'essentiel des risques en déployant des troupes dans le Sud. Cette formulation a suscité de vives réactions de plusieurs délégations et j'ai évidemment mentionné l'engagement de la France dans une zone difficile, ainsi que le tribut que nos troupes ont payé à ces combats. J'ai, d'autre part, souligné le lien entre l'érosion du soutien des opinions publiques, que le rapport déplorait, et l'absence, jusqu'à présent, de perspectives politiques de règlement du conflit.

Le deuxième grand thème de discussion a porté sur le rôle et l'avenir de l'OTAN, dans le cadre de la préparation du futur concept stratégique.

L'importance première de la fonction de défense collective a été réaffirmée. Par rapport à ces dernières années, on constate une approche plus réaliste et raisonnable du champ d'intervention géographique et fonctionnel de l'OTAN. M. Rasmussen a néanmoins estimé que l'OTAN devait s'affirmer comme un acteur majeur de la sécurité internationale, en dialoguant avec des pays comme la Chine et l'Inde.

Dans le prolongement du rapport Albright, le secrétaire général de l'OTAN a souligné que la dissuasion continuerait à jouer un rôle fondamental dans la doctrine de l'OTAN tant que l'environnement de sécurité resterait caractérisé par la persistance des arsenaux nucléaires et le risque de prolifération.

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