Intervention de Daniel Shek

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 29 novembre 2006 : 1ère réunion
Audition de son exc. M. Daniel Shek ambassadeur d'israël en france

Daniel Shek, ambassadeur d'Israël :

a apporté les éléments de réponse suivants :

- Israël n'est pas opposé au principe du survol du Sud-Liban aux fins de renseignement par d'autres forces que sa propre armée de l'air, mais aucun mécanisme crédible ne semble en mesure de s'y substituer actuellement. Doter la FINUL d'une composante aérienne semble complexe et très coûteux. Aucune option n'est exclue, comme le recours aux forces aériennes française, britannique ou américaine, ou encore à des satellites américains. Un contrôle continu s'impose cependant, d'autant que la FINUL n'a pas pour mandat de contrôler l'embargo sur les armes à la frontière syro-libanaise, ce qui est l'un des points faibles de la résolution 1701. C'est donc hors mandat qu'il faut trouver un mécanisme de surveillance alternatif ;

- il n'y a jamais eu d'acte hostile des aviateurs israéliens envers les troupes françaises stationnées au Liban. Il ne saurait en être autrement : la France et Israël sont des pays amis et, au demeurant, les avions de reconnaissance qui survolent le Liban à basse altitude, en dehors des moyens d'autodéfense, ne sont pas armés. Les renseignements recueillis sont tous communiqués à la FINUL, dont le mandat ne couvre pas la surveillance de cet endroit du Sud-Liban. Ces contrôles aériens s'imposent si l'on ne veut pas en revenir à la situation d'avant le 12 juillet ;

- l'ambassade d'Israël n'a pas d'informations particulières sur l'intention éventuelle de l'Iran de favoriser une république islamique au Sud-Liban. Il reste que le Hezbollah, qui est le bras de l'Iran au Liban, entend intensifier son action politique pour aboutir à la chute du gouvernement de M. Siniora, qui laisserait le champ libre aux chiites ;

- on ne peut qu'espérer que les Palestiniens verront dans le récent discours de M. Olmert une occasion de prendre un chemin nouveau sans se désavouer ;

- il faut espérer que le Hamas change, comme le fit autrefois l'OLP, même si cela a pris du temps. Dans son discours, le Premier ministre israélien s'est adressé directement au président Abbas et au peuple palestinien « par-dessus la tête » du Hamas. Il est encore trop tôt pour apprécier l'impact du discours de M. Olmert auprès des Palestiniens ;

- le cessez-le-feu et la barrière de sécurité sont deux choses très différentes. La construction du mur a permis de réduire efficacement les attaques suicides en Israël. L'histoire a aussi montré qu'Israël pouvait évacuer des implantations mais que l'absence de telles implantations ne garantissait pas la paix. La situation est ainsi relativement calme en Cisjordanie où des implantations existent, alors que l'instabilité prévaut à Gaza et au Sud-Liban, autant de zones qu'Israël a évacuées. Enfin, les propositions du Président Bill Clinton en 2000 prévoyaient le démantèlement d'un nombre substantiel d'implantations, mais elles se sont heurtées au refus des Palestiniens. Cela étant, ce point n'est pas exclu de la réflexion actuelle et le Premier ministre israélien vient d'indiquer qu'Israël était prêt à payer un prix élevé pour la paix ;

- on ne peut s'assurer que l'Iran ne disposera jamais de l'arme nucléaire. Des moyens de dissuasion et de persuasion existent, mais plus la probabilité de sanctions se dessine, moins les Etats acceptent de les décider, pour ménager des intérêts, des investissements ou des emplois. C'est pourtant cela qui constitue le véritable test d'une diplomatie responsable. Les enjeux vitaux du dossier nucléaire iranien doivent l'emporter sur les intérêts économiques, car ils engagent l'avenir du monde ;

- contrairement à la Corée du Nord, il existe en Iran une opinion publique qui saurait se faire entendre du pouvoir iranien dans l'hypothèse où les sanctions provoqueraient une crise économique ;

- la situation en Iran n'est pas comparable au site nucléaire iraquien d'Osirak, qui était clairement identifié et destructible. Les sites iraniens sont multiples et dispersés et il est en tout état de cause prématuré, à ce stade, d'envisager une telle action ;

- l'application de la résolution 1701 doit être totale et minutieuse et l'on ne saurait relever les seules infractions israéliennes, à l'exception des autres aspects de la résolution. S'agissant des soldats israéliens enlevés, le gouvernement israélien a reçu des assurances sur l'état de santé de Guilad Shalit, enlevé à Gaza, mais ne sait rien du sort des soldats détenus par le Hezbollah qui pourraient avoir été blessés lors de leur enlèvement ;

- il n'y a effectivement plus d'unanimité autour du Hezbollah au Liban mais celui-ci se livre actuellement à des manoeuvres politiques dangereuses ;

- la proposition française d'une conférence internationale sur le conflit israélo-palestinien n'a pas suscité de réactions particulières, mais l'option qu'elle propose n'est pas exclue : un cadre international qui ne remplacerait pas la négociation elle-même mais garantirait des négociations bilatérales directes. Cette proposition est sans doute prématurée, elle suppose, au préalable, une véritable volonté de négocier.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion