Intervention de Pierre Gadonneix

Mission commune d'information sur la sécurité d'approvisionnement électrique de la France et les moyens de la préserver — Réunion du 8 février 2007 : 1ère réunion
Audition de M. Pierre Gadonneix président-directeur général d'electricité de france sa

Pierre Gadonneix, PDG d'EDF :

A titre liminaire, M. Pierre Gadonneix, président-directeur général d'Electricité de France (EDF), a indiqué qu'il n'évoquerait que brièvement la panne européenne d'électricité du 4 novembre 2006, dans la mesure où la mission commune d'information avait déjà entendu M. François Loos, ministre délégué à l'industrie, et M. André Merlin, président du directoire de Réseau de transport d'électricité (RTE), chacun d'entre eux ayant consacré de larges développements à ce sujet. Il a simplement ajouté que cette panne avait révélé que le système électrique européen s'inscrivait pleinement dans une relation de solidarité entre les différents Etats, que le réseau européen pouvait présenter certaines fragilités et qu'il était nécessaire, d'une part, d'investir massivement dans les années à venir pour renforcer ce réseau et, d'autre part, d'améliorer le système de coordination des différents acteurs.

Puis, décrivant le rôle fondamental que joue EDF pour assurer la sécurité d'approvisionnement électrique en France, il a souligné que le parc de production français était performant, compétitif et diversifié, puisqu'il alliait des moyens de production « de base », avec le nucléaire, fonctionnant tout au long de l'année, des moyens de production en « semi-base », avec les usines thermiques, et des capacités de production « de pointe », avec l'hydraulique, ces deux dernières catégories d'installations présentant une certaine souplesse et étant capables de répondre aux pics de consommation.

Rappelant que le parc de production était le fruit d'investissements massifs effectués dans l'immédiat après-guerre pour les barrages hydroélectriques et dans les années 1970 pour les centrales nucléaires, il a souligné que 95 % de la production électrique française n'émettait aucun gaz à effet de serre (GES), ce qui constitue un atout évident au regard de la nécessité de lutter contre le réchauffement climatique. De la sorte, la France émet six fois moins de dioxyde de carbone (CO2) que la moyenne des pays européens.

Evoquant l'impératif de renforcer la diversification de ce parc de production, M. Pierre Gadonneix, PDG d'EDF, a insisté sur le fait que le potentiel hydroélectrique français constituait une ressource très précieuse pour répondre aux pics de consommation, qui deviennent plus fréquents, comme le montre la très forte croissance des besoins d'électricité en pointe au regard de la consommation totale au cours des dernières années. Il a, à cet égard, salué le rôle important qu'avait joué M. Bruno Sido, en sa qualité de rapporteur, lors de la discussion du projet de loi sur l'eau et les milieux aquatiques pour préserver ce potentiel. Il a ajouté que la régulation de la production de base se faisait par l'exportation d'électricité, tandis que les besoins lors des pics de consommation étaient satisfaits grâce à l'importation.

Puis il a précisé que la nécessité d'assurer la sécurité d'approvisionnement impliquait également le renforcement des investissements sur les réseaux de distribution. Avec plus d'un million de kilomètres de lignes électriques, le réseau français est le plus vaste et le plus étendu d'Europe et assure également un niveau de qualité de la fourniture très performant, l'un des plus élevés du continent. Il a toutefois indiqué que des progrès devaient encore être réalisés pour renforcer la sécurité d'approvisionnement de certaines parties de territoire français, comme la région de la Bretagne ou la région de Provence-Alpes-Côte-d'Azur, plus particulièrement dans la zone de Nice, soulignant la nécessité d'effectuer des investissements importants dans ces deux régions en matière tant de réseaux que de moyens de production décentralisés.

Enfin, il a relevé qu'EDF, au travers de sa filiale chargée du transport, RTE, avait en charge la responsabilité de l'équilibre entre l'offre et la demande, ce qui est une composante fondamentale de la sécurité d'approvisionnement. Il a noté que l'incident du 4 novembre dernier avait démontré qu'une bonne coordination entre les différents acteurs du système électrique était de nature à sécuriser le réseau, puisque la France avait été en mesure de rétablir, en moins d'une heure, la fourniture d'électricité à 5 millions de consommateurs qui en avaient été privés, alors que le système de gestion allemand avait laissé apparaître des défauts de coordination du fait de l'existence de quatre gestionnaires de réseau de transport.

Puis M. Pierre Gadonneix, PDG d'EDF, a abordé la question des investissements. Rappelant tout d'abord que les quinze dernières années en Europe s'étaient caractérisées par une augmentation de la consommation de 30 %, alors que les capacités de production avaient, sur la même période, seulement progressé de 9 %, il a souligné que l'année 2006 s'était traduite par une prise de conscience des opinions publiques, tant sur la nécessité d'investir que sur l'impact des émissions de GES sur le réchauffement climatique. Dans ce contexte, un consensus est en train de naître sur l'obligation de rompre avec un modèle où chaque génération consomme 50 % de plus que la précédente et où 85 % de l'énergie consommée dans le monde n'est pas renouvelable.

Il a ainsi noté que la première des priorités était de développer les politiques de maîtrise de la demande d'énergie et de renforcement de l'efficacité énergétique. Il a indiqué que les politiques commerciales d'EDF s'attachaient à promouvoir ces deux objectifs au travers d'offres permettant de maîtriser la facture du consommateur et de limiter les conséquences environnementales.

Puis il a préconisé le développement d'un bouquet énergétique le moins émetteur possible de GES par l'élargissement du recours aux énergies renouvelables comme l'éolien, le solaire, la biomasse et l'hydraulique, cette dernière source d'énergie ayant un grand avenir, selon lui. Il a toutefois estimé qu'à long terme, le nucléaire et le charbon étaient deux énergies incontournables, les réserves de charbon au niveau mondial étant encore extrêmement abondantes. Constatant cependant que la combustion du charbon était fortement émettrice de CO2, il a indiqué que les progrès pouvant être réalisés dans le domaine de la séquestration de ce gaz conduiraient à un renchérissement de l'électricité produite à partir de cette source.

Enfin, M. Pierre Gadonneix, PDG d'EDF, a relevé que les opinions publiques avaient évolué sur la question du nucléaire, même si l'acceptation de ce moyen de production faisait encore débat dans de nombreux pays. Il a ainsi souligné le rôle important qu'EDF jouait pour la crédibilité de cette énergie dans le monde, rappelant les effets d'entraînement positifs que son développement pouvait avoir sur un grand nombre de secteurs industriels français.

Un large débat a suivi cette intervention.

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