Intervention de Gérard Longuet

Mission commune d'information sur la sécurité d'approvisionnement électrique de la France et les moyens de la préserver — Réunion du 8 février 2007 : 1ère réunion
Audition de M. Pierre Gadonneix président-directeur général d'electricité de france sa

Photo de Gérard LonguetGérard Longuet :

s'est interrogé sur l'évolution des relations entre EDF et RTE, le gestionnaire du réseau de transport d'électricité.

En réponse à ces intervenants, M. Pierre Gadonneix, PDG d'EDF, a apporté les précisions suivantes :

- s'agissant de la politique de recherche, EDF y consacre un million d'euros par jour, ce qui constitue l'effort le plus important de toutes les entreprises de production d'électricité dans le monde. Ces recherches visent à la fois à améliorer les techniques existantes et à explorer de nouvelles pistes. S'il n'y a pas de projet nouveau en matière d'énergie marémotrice, les hydroliennes, qui utilisent les courants marins, sont un sujet de recherche pour EDF. En matière de géothermie, si une opération pilote est en cours d'observation à Soultz-sous-Forêts, il apparaît pour l'instant que son apport potentiel est faible à moyen terme ;

- sur la question du « bouquet idéal », un consensus mondial se dégage sur un panachage d'économies d'énergie, de développement des énergies renouvelables et d'investissements supplémentaires. De ce point de vue, le groupe EDF, notamment avec EDF Energies nouvelles, sa filiale consacrée aux énergies innovantes, est bien placé pour répondre au double défi de la sécurité d'approvisionnement et de la baisse des émissions de CO2 ;

- concernant les économies d'énergie, qu'il est indispensable de développer, les investissements initiaux sont élevés et pour l'instant non rentables sans incitation publique, à l'exception des dépenses en matière d'isolation des logements anciens, dont les coûts sont proches de l'équilibre ;

- s'agissant des énergies renouvelables, elles recèlent un réel potentiel, mais se heurtent toujours à des problèmes de compétitivité. Ténésol, filiale à 50 % d'EDF, qui est un des leaders mondiaux dans la production de panneaux photovoltaïques, produit ainsi de l'électricité à un coût cinq à dix fois supérieur au prix du marché. Le prix de l'énergie éolienne est, quant à lui, supérieur de 50 à 80 % au coût du marché et n'est disponible que ponctuellement (les éoliennes ne fonctionnent en moyenne qu'entre le tiers et le quart du temps), ce qui contribue à l'instabilité du réseau. Telle est d'ailleurs la raison pour laquelle celui-ci ne peut pas oeuvrer de manière stable si plus de 10 % de l'énergie est d'origine éolienne ;

- reste que la France présente un potentiel important de développement en matière d'énergie éolienne, le parc global produisant en 2006 seulement 1 500 mégawatts (MW), contre 20 000 MW en Allemagne. Aussi EDF Energies nouvelles va investir 3 milliards d'euros dans ce domaine et l'horizon de production éolienne est supérieur à 10 000 MW pour l'ensemble du réseau français d'ici à 2015 ;

- l'électricité d'origine hydraulique est un apport fondamental, notamment en période de pointe (le taux de croissance des besoins en pointe est d'ailleurs deux fois supérieur au taux de croissance des besoins moyens), mais 95 % du potentiel français est aujourd'hui exploité ;

- s'agissant du programme d'investissements d'EDF, les sommes investies ont presque doublé de la période 2003-2005 à la période 2007-2009, passant de 8,8 milliards à plus de 16 milliards d'euros, avec un effort particulier en matière de production, à hauteur de 7,2 milliards d'euros, contre 1,5 milliard d'euros précédemment. Sur les 1 000 MW de production supplémentaire annuelle des cinq prochaines années, deux tiers seront d'origine thermique et éolienne et un tiers d'origine nucléaire, avec le réacteur EPR de Flamanville. Concernant les réseaux de distribution et de transport, les efforts d'investissement augmenteront respectivement de 30 % et 40 % ;

- l'amélioration des capacités de financement d'EDF résulte de l'augmentation de son capital, de la cession d'actifs et de l'amélioration de la productivité de l'entreprise. Ainsi, EDF a retrouvé des marges financières qui autorisent notamment l'importante reprise de ses investissements, et qui lui permettraient éventuellement de mener des opérations de croissance externe, qui seraient en tout état de cause conditionnées aux critères suivants : la rentabilité de l'opération, son insertion dans la stratégie industrielle d'EDF et l'absence d'hostilité de la part des autorités du pays d'origine de l'entreprise dont l'acquisition serait envisagée. Toutefois, EDF n'a pas d'objectif précis en la matière, ayant même formellement démenti ces jours-ci un projet d'offre publique d'achat sur Iberdrola qui lui était prêté.

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