Après avoir rappelé que l'électricité représentait aujourd'hui moins de 20 % de la consommation d'énergie en France et que son usage est appelé à croître, en raison de la nécessaire réduction des émissions de dioxyde de carbone (CO2), au cours des décennies à venir, dans tous les secteurs de l'économie et de la vie quotidienne, M. Yves Bamberger, directeur de la recherche et du développement d'EDF, a noté que l'évolution du système électrique français, dont les principales caractéristiques sont une production d'électricité assez largement centralisée et des réseaux de transport et de distribution dont la mission exclusive est d'acheminer cette électricité vers le consommateur, est confrontée à plusieurs défis. Ainsi, le développement de nouvelles technologies de production locale et de stockage d'électricité, avec la multiplication des éoliennes et des panneaux solaires sur les bâtiments ou l'utilisation à moyen terme des véhicules hybrides rechargeables, vont accroître les flux d'électricité sur les réseaux de distribution, les transformant en réseaux de circulation de l'électricité, et augmenter le nombre des acteurs intervenant sur le système électrique. Jugeant que cette évolution est de nature à rendre plus complexe sa gestion, il a estimé que les réseaux devraient s'adapter au cours des vingt prochaines années pour intégrer ces nouvelles formes de production électrique et favoriser la réalisation d'actions de maîtrise de la demande d'énergie (MDE), tout en garantissant au consommateur une bonne qualité de l'électricité.
a considéré que les efforts en matière de MDE doivent porter sur l'amélioration de l'efficacité énergétique des bâtiments et des modes de chauffage, qui permettra de réduire la consommation d'énergies fossiles et, en conséquence, les émissions de CO2. Or, a-t-il ajouté, compte tenu du faible taux de renouvellement de l'habitat en France (environ 1 % par an, soit un renouvellement total du parc de logements au bout d'un siècle), il est indispensable de concentrer les actions sur les bâtiments existants, notamment sur le chauffage, premier poste de consommation d'énergie des ménages, et sur l'isolation, même s'il est également pertinent d'améliorer la réglementation thermique des bâtiments neufs. A titre d'exemple, il a affirmé que le remplacement entre 2005 et 2020 en France de tous les systèmes de chauffage à fioul ou à gaz par des pompes à chaleur à haut rendement ou des convecteurs électriques performants entraînerait, certes une augmentation de la consommation d'électricité de 4 térawattheures (TWh) par an, mais surtout une réduction de 25 % de la consommation d'énergies fossiles. En outre, à l'horizon 2020-2030, le parc de production français émettra moins de CO2, puisque les centrales à charbon seront remplacées par des centrales à gaz et l'électricité d'origine renouvelable, notamment éolienne, prendra une part croissante dans le mix énergétique national.
Puis, après avoir indiqué qu'EDF investit environ un million d'euros par jour dans ses activités de recherche et développement (R&D), soit un budget total supérieur à 380 millions en 2006, M. Yves Bamberger a indiqué que la direction R&D de l'entreprise s'attache à développer les usages performants de l'électricité. Cette direction emploie 2 000 personnes, dont 300 docteurs et 200 doctorants, ce qui favorise de fortes synergies entre les activités industrielles, de recherche et d'enseignement. Son budget représente 0,8 % du chiffre d'affaires total du groupe, soit une proportion très supérieure à la moyenne mondiale des électriciens, celle des entreprises allemandes s'élevant, à titre d'exemple, à 0,2 %. Il a toutefois souligné que ces chiffres sont à relativiser au regard des spécificités du secteur de l'électricité, dans la mesure où EDF n'est qu'un des acteurs, aux côtés du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) et d'Areva, de la recherche dans le domaine du nucléaire, cette situation étant similaire en Allemagne, pays où Siemens conduit ce type de recherches pour le compte des différents producteurs électriques. Par ailleurs, contrairement à d'autres entreprises du secteur, toutes les activités de R&D d'EDF sont regroupées au sein de la même direction et apparaissent donc dans son budget.
a ensuite présenté les principales activités de R&D du groupe, en précisant qu'elles concernent au premier rang le nucléaire (40 % du total), la gestion de l'optimisation entre l'offre et la demande et les réseaux, ces activités faisant l'objet d'un partenariat avec RTE formalisé par un contrat soumis au contrôle de la Commission de régulation de l'énergie (CRE). Le département R&D travaille également au développement de l'usage de l'électricité, avec les pompes à chaleur, à l'efficacité énergétique, aux énergies renouvelables, en particulier avec l'élaboration de modèles météorologiques pour améliorer les anticipations du productible éolien, et aux technologies de l'information et de l'informatique. Au total, il a noté que l'ensemble de ces activités de recherche est fortement créateur de valeur ajoutée pour EDF.
Il a ainsi mis en avant les travaux effectués, dans le domaine de l'amélioration de la performance énergétique des bâtiments, de l'intégration des énergies renouvelables dans l'habitat et de l'efficacité énergétique des processus industriels. Sur ce dernier point, il a souligné qu'EDF conseille des industriels afin de les aider à réorienter leurs processus de production en utilisant de l'électricité de substitution des combustibles fossiles. Il a également précisé que le développement d'un parc de véhicules hybrides rechargeables aux réseaux de distribution dans des délais très brefs, 7 à 8 minutes, contre trois heures aujourd'hui, impliquerait de modifier très profondément la structure de ces réseaux. Par ailleurs, la direction R&D travaille à des améliorations de l'efficacité des panneaux solaires, aux réseaux intelligents et aux procédés de stockage de l'électricité. Dans le domaine du nucléaire, les activités de R&D portent sur l'allongement à 60 ans de la durée de vie des centrales nucléaires actuelles, ce qui suppose de réaliser des études fines à l'aide de simulateurs électroniques, EDF ayant acquis l'un des calculateurs les plus puissants en la matière, ainsi que, dans une moindre mesure, sur la préparation de la quatrième génération de centrales nucléaires ou sur les interactions entre l'eau et les centrales de production, ce qui suppose d'effectuer des projections sur le niveau des cours d'eau français à long terme.
Au total, relevant que les trois quarts des activités de R&D ont vocation à trouver des débouchés à court terme, M. Yves Bamberger a indiqué que les objectifs de ces travaux de recherche se résument sous forme de douze défis de la R&D, approuvés par le comité exécutif de l'entreprise. Il a fait valoir que l'objectif principal de ces activités est de développer des outils de simulation directement opérationnels pour améliorer la gestion du parc de production, citant par exemple les travaux portant sur les accumulations de sédiments dans les cours d'eau, qui permettent d'améliorer la gestion des centrales hydro-électriques.