Intervention de Brigitte Doriath

Mission commune d'information sur l'organisation territoriale du système scolaire et sur l'évaluation des expérimentations locales en matière d'éducation — Réunion du 1er février 2011 : 1ère réunion
Audition de Mme Brigitte Doriath inspectrice générale de l'éducation nationale sur la rénovation de la voie professionnelle

Brigitte Doriath, inspectrice générale de l'éducation nationale :

Nous sommes aujourd'hui sur des publics suffisamment divers pour qu'une éducation nationale normée, jusque dans ses pratiques pédagogiques, fonctionne à plein.

Durant les dix années où j'ai exercé la fonction d'inspectrice pédagogique régionale (IPR) sur l'académie de Créteil, ma première préoccupation, à la rentrée, consistait à « éplucher » les emplois du temps et à regarder si les chefs d'établissement respectaient bien les grilles horaires. Je me rendais également dans les établissements pour vérifier que les parcs informatiques étaient bien là, mis à la disposition des élèves, conformément à ce qui avait été négocié avec les collectivités territoriales.

Or, sur le terrain, je constatais que la quasi-totalité des établissements - au premier rang desquels les lycées professionnels - dérogeaient systématiquement ou presque à ce type de règles, mais de manière plutôt intelligente, en tenant compte de la réalité des élèves et des partenariats noués au niveau local.

La rénovation de la voie professionnelle prend acte de cette souplesse de fonctionnement, dans la mesure où elle contribue à mettre en évidence ces marges d'autonomie qui s'exerçaient jusqu'à présent sur le terrain, sans avoir été préalablement formalisées. Or, cette autonomie donnée aux établissements modifie en profondeur le pilotage du système éducatif.

La rénovation de la voie professionnelle a affecté l'activité des enseignants de cette filière dans toutes ses composantes. Ceux-ci se trouvent en effet contraints de réorganiser un cursus de formation professionnelle sur trois ans, en absorbant dans le même temps des programmes totalement rénovés. Les modalités d'examen et de certification ont, elles aussi, été modifiées et les enseignants doivent mettre en oeuvre un accompagnement personnalisé de leurs élèves. Les pratiques professionnelles des enseignants ont donc été globalement rénovées et les processus décisionnels, mis en oeuvre au sein des établissements, deviennent dans le même temps de plus en plus collectifs.

Cette rénovation de la voie professionnelle constitue donc une véritable révolution, animée par les enseignants et pilotée par les chefs d'établissements. L'autonomie, qui a vocation à valoriser des compétences locales, devient de plus en plus réelle. Pour autant, il serait sans doute un peu prématuré de prétendre porter une appréciation sur l'efficacité des dispositifs mis en oeuvre, sur le terrain.

Dans notre note de juillet dernier, nous avons par ailleurs constaté que les passerelles qui fonctionnaient le mieux étaient celles qui n'étaient pas prévues par la loi. Ces passerelles informelles correspondent à tous les ajustements susceptibles d'être mis en oeuvre, au quotidien, par les équipes pédagogiques, en cas d'erreurs d'orientation majeures de certains élèves. Les élèves qui obtiennent leur CAP peuvent notamment rejoindre une première professionnelle, alors qu'ils étaient jusqu'à présent pris plutôt en seconde.

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