La mission a ensuite procédé à l'audition de M. Albert Lebleu, vice-président de l'association des anciens salariés de Metaleurop Nord, « Choeurs de fondeurs ».
procédant à l'aide d'une vidéo-projection, a d'abord présenté le site de l'usine de Metaleurop Nord, à Noyelles-Godeault, dans le Pas-de-Calais, qui produisait du plomb et du zinc en recourant à des procédés pyrométallurgiques différents des procédés par électrolyse couramment utilisés. Il a indiqué que la pyrométallurgie exigeait la protection des salariés, en particulier grâce à des combinaisons, des rideaux ou des joints, et celle des installations. Il a ainsi expliqué que le calorifugeage et les joints d'étanchéité, qui contenaient de l'amiante, étaient utilisés pour éviter l'intoxication par le plomb et protéger l'environnement professionnel.
Il a fait observer que la publication du décret de 1977 s'était traduite par l'utilisation de produits de substitution comme les fibres de verre cardées et les fibres céramiques réfractaires. Il a souligné les conséquences de cette réglementation sur la diminution importante de la consommation d'amiante dans l'usine : alors que celle-ci passait commande de 31 tonnes d'amiante en 1972, elle n'en utilisait plus que 7 à 8 tonnes par an à la fin des années 1970, 5 à 6 tonnes au début des années 1980 et 600 kilogrammes en 1990.
Il a indiqué que la réglementation introduite à la fin des années 1980 sur le contrôle de la pollution dans l'atmosphère n'avait jamais été appliquée dans l'usine, où la priorité était accordée à la lutte contre les effets du plomb. Il a toutefois rappelé que le comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) avait été informé des premiers cas de mésothéliome dans l'usine en 1990.
a indiqué que, sur les 807 anciens salariés de Metaleurop Nord, douze présentaient une incapacité permanente partielle (IPP) de 5 % pour cause de plaques pleurales et six autres étaient décédés. Il a précisé que, parmi les anciens salariés nés au cours des années 1948 à 1950, 6 % étaient atteints de plaques pleurales, chiffre qui, ne portant que sur les personnes ayant subi un examen médical, était probablement sous-estimé et appelé à croître dans les années à venir.
Il a ensuite fait observer que l'amiante avait longtemps été considéré comme un matériau de protection efficace pour les salariés. Il a également insisté sur les difficultés de modifier les habitudes et de développer la prévention au sein des entreprises. Il a indiqué que l'inspecteur du travail s'était déplacé à l'usine une seule fois en deux ans, mais que l'inspection du travail connaissait une réelle pénurie de moyens. Il a en revanche critiqué le rôle des ingénieurs-conseils de la caisse régionale d'assurance maladie du Nord-Pas-de-Calais, qu'il a qualifié d'insuffisant. Enfin, il a regretté qu'un faible nombre d'anciens salariés disposent d'une attestation d'exposition délivrée en bonne et due forme par le médecin et il a revendiqué un « droit au scanner » pour tous les anciens salariés exposés à l'amiante.