Sans prétendre répondre à toutes les questions posées sur la quatrième génération, je tiens à souligner que le travail de la Commission part du constat de la disponibilité d'une réserve de 250 000 tonnes d'uranium appauvri issu de l'enrichissement. Sur le plan scientifique, il est intéressant d'étudier si cette réserve pourrait être utilisée pour produire de l'énergie, nous rendant ainsi totalement indépendants des sources d'approvisionnement en uranium naturel. En effet, à côté de pays tels que le Canada, l'Australie ou le Kazakhstan, d'autres producteurs, comme le Niger, apparaissent un peu moins stables.
Lorsque notre rapport insiste sur la nécessité du développement du réacteur Astrid, c'est parce que nous ne disposons plus d'un outil adapté pour les recherches sur les réacteurs de quatrième génération. Dès lors qu'un certain nombre d'études devront être conduites à l'étranger, les conséquences de cette situation d'un point de vue scientifique aujourd'hui, technologique demain, et industriel après-demain, apparaissent complexes, notamment au plan de la propriété industrielle. Par exemple, un certain nombre de recherches sont menées en France sur la façon d'empêcher tout contact entre l'eau du circuit secondaire et le sodium du circuit primaire. Il serait important que leurs résultats puissent rester français.
Sur la question de la transmutation, Astrid est avant tout un réacteur électrogène ayant également la capacité de gérer des déchets. Le traitement de l'Americium reste possible, mais nécessite des recherches complémentaires sur sa position relative dans le logement des combustibles : au coeur du réacteur ou au contraire, en périphérie. Cela repose le problème précédent, l'innovation sur ce plan ayant besoin d'être confortée et protégée. Cela nécessitera un effort très important de recherche. Avec une puissance de 650 MW, Astrid n'est cependant pas à l'échelle de Super-Phénix. Il restera à démontrer sa capacité de recyclage avant de passer au niveau industriel.
Concernant la possibilité de stocker le plutonium dans le cas où celui-ci deviendrait un déchet, différentes solutions pourraient être étudiées mais aucun pays n'a à ce jour envisagé cette possibilité. Il n'existe donc pas de filière développée.