Intervention de Didier Boulaud

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 28 mai 2008 : 1ère réunion
Défense — Livre blanc - echange de vues

Photo de Didier BoulaudDidier Boulaud :

S'exprimant au nom des commissaires membres du groupe socialiste, M. Didier Boulaud a estimé que les motifs ayant conduit les parlementaires socialistes à démissionner de la commission du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale restaient d'actualité, cette commission étant devenue, à leurs yeux, une simple chambre d'enregistrement des annonces et des décisions du Président de la République.

Il a cité en premier lieu la réorientation de notre politique étrangère et de défense dans un sens « atlantiste », considérant qu'elle obérait les chances d'une politique européenne autonome de défense. Il a regretté à cet égard que l'occasion offerte par la prochaine présidence française de l'Union européenne n'ait pas été saisie pour faire aboutir la proposition d'un Livre blanc européen.

a observé que le Gouvernement, tout en affirmant que l'effort de défense serait maintenu, reconnaissait le lourd héritage financier laissé par son prédécesseur, la rigueur budgétaire et les coupes sombres prévues par la révision générale des politiques publiques (RGPP) devenant de ce fait le cadre imposé de sa réflexion stratégique.

Selon les commissaires membres du groupe socialiste, le projet de Livre blanc apparaît comme la justification a posteriori des engagements déjà pris : réforme des services de renseignement, création d'une base navale à Abu Dhabi, envoi de renforts en Afghanistan, réinsertion dans le commandement intégré de l'Otan, poursuite du rattachement de la gendarmerie au ministère de l'intérieur, réduction d'un tiers de la composante nucléaire aéroportée, préparation des réductions des implantations territoriales des unités militaires sans concertation avec les élus et de 42.000 suppressions de postes sur 7 ans.

a également estimé que la réorganisation des pouvoirs publics proposée par le projet aboutirait à concentrer les organismes dédiés à la sécurité et à la défense entre les mains du Président de la République et consacrerait l'effacement du rôle du Parlement et du Premier ministre sur les questions de défense.

Il s'est inquiété des risques de confusion entre sécurité intérieure, sécurité extérieure et défense que pourrait entraîner une conception de la sécurité nationale proche de celle retenue par l'actuelle administration américaine, d'autant que la distinction n'est pas faite entre les notions de risques, de menaces et de vulnérabilités.

Il a déploré que le projet de Livre blanc ne fasse émerger aucune ligne directrice en matière de stratégie industrielle et de recherche, ni des propositions novatrices susceptibles de sortir de l'ornière la coopération européenne sur les programmes d'armement.

a estimé que la remise en discussion de nos outils de défense et des choix nécessités par la situation du pays devait donner lieu à un grand débat national et déboucher sur des décisions fondées sur le consensus le plus large, après un vote au Parlement.

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