Intervention de Alain Joyandet

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 16 juillet 2008 : 2ème réunion
Aide au développement — Audition de M. Alain Joyandet secrétaire d'etat chargé de la coopération et de la francophonie

Alain Joyandet, secrétaire d'Etat à la coopération et à la francophonie :

a tout d'abord rappelé les orientations de la politique française d'aide publique au développement. Il a indiqué que l'Afrique constituait, conformément à la feuille de route définie par le Président de la République, la priorité de cette politique, avec pour objectif de renforcer notre présence sur ce continent.

Après avoir effectué de nombreux déplacements dans les pays africains, M. Alain Joyandet a déclaré avoir acquis la conviction que les Africains, et en particulier les jeunes, demandaient « plus de France » et attendaient désormais, de notre part, des politiques de coopération et de développement d'un esprit sans doute différent, tout particulièrement dans le domaine économique. Il a précisé qu'il avait décidé, avec l'accord du Président de la République, d'ouvrir huit chantiers qui constituaient autant d'actions concrètes afin de repositionner la France sur l'échiquier africain. Ces huit chantiers répondent à deux objectifs : le développement économique et le rayonnement culturel.

Afin de dissiper tout malentendu, M. Alain Joyandet a tenu à préciser qu'il ne s'agissait pas de modifier fondamentalement la politique de la France en matière de coopération qui n'est pas mue par des considérations mercantiles. La France entend demeurer fidèle à ses engagements de solidarité et ne renonce pas à ses interventions dans les secteurs ayant fait l'objet d'un consensus international, comme les objectifs du millénaire pour le développement, et sur lesquels elle est fortement engagée. La santé, l'éducation, l'environnement resteront bien au coeur de nos préoccupations, a précisé M. Alain Joyandet. La France souhaite également contribuer, à travers le dialogue et la coopération, à l'amélioration de la gouvernance, pour favoriser l'environnement des affaires. Pour autant, les entreprises françaises doivent pleinement être des acteurs du développement en Afrique et dans d'autres parties du monde. La France, enfin, demeurera attentive à ce que, de manière générale, ses partenaires honorent bien les engagements internationaux qu'ils ont eux-mêmes souscrits en matière de démocratie et de respect des Droits de l'Homme. Tout ceci est conforme à l'esprit même de la diplomatie française, qui est de concilier nos intérêts et les valeurs universelles auxquelles nous sommes attachés. Cette approche rejoint les analyses et recommandations faites dans le cadre de la révision générale des politiques publiques (RGPP) et du Livre blanc sur la politique étrangère de la France.

Abordant le reproche fait à la France de ne pas être à la hauteur de ses engagements en matière d'aide au développement et de ne pas porter l'aide publique au développement à 0,7 % de notre PIB en 2015, M. Alain Joyandet a rappelé que, malgré un contexte budgétaire difficile, cet objectif restait l'horizon de la politique française. Dès 2009, nos engagements, à travers l'Agence française de développement, augmenteront de 25 %, soit 1 milliard d'euros, qui s'ajoutera aux 3 milliards d'euros que l'AFD procure chaque année à nos partenaires du Sud. Ce montant supplémentaire sera dégagé sous forme de prêts bonifiés et ne sera donc pas imputé sur le budget de l'Etat. Si la France n'est que le 11è contributeur en pourcentage de son PIB (avec 0,39 % en 2007), elle reste toujours, en volume, le troisième bailleur de fonds de la planète, avec près de 10 milliards de dollars, en 2007, derrière les Etats-Unis (avec 21 milliards de dollars) et l'Allemagne (avec 12 milliards de dollars). Abordant les huit chantiers, M. Alain Joyandet a précisé que le premier visait à soutenir le secteur privé. Il a témoigné que l'Afrique était un continent peuplé de nombreux jeunes avides d'action et d'une classe de jeunes entrepreneurs dynamiques. La priorité est donc de soutenir le secteur privé, car c'est ici que se trouvent les emplois, l'innovation, le berceau d'une croissance durable, et donc celui du développement.

L'actualité internationale a jeté un coup de projecteur sur le deuxième chantier : la relance des agricultures africaines. Elle constitue l'une des priorités de la présidence française de l'Union européenne. Tout en répondant rapidement aux besoins pressants des populations, la France souhaite favoriser l'émergence de politiques agricoles souveraines et durables sur le continent, chaque pays africain devant ainsi tendre vers son autonomie alimentaire. A cette fin, le Président de la République a proposé, lors de la réunion de la FAO à Rome, de mettre à disposition des pays du Sud une « facilité mondiale pour la sécurité alimentaire », dont la gestion serait confiée au Fonds international de développement agricole.

Le troisième chantier, qui sonne comme un défi en Afrique, concerne le rôle des femmes, qui constituent la clef du développement, en envoyant leurs enfants à l'école, en tenant les cordons de la bourse et en se révélant, dans le microcrédit par exemple, dignes de confiance. Il s'est engagé à leur accorder une place particulière dans les projets de développement.

Le quatrième chantier concerne les volontaires internationaux. L'objectif est de tripler, en quatre ans, la présence des volontaires sur le continent africain et d'ajouter aux jeunes enthousiastes de jeunes retraités qualifiés pour transférer leur expérience aux Africains, par exemple dans le domaine agricole. Avec 15 000 volontaires sur le continent en 2012, contre 4 000 actuellement, la présence française en Afrique changera probablement de nature : elle se tiendra sur le terrain, à proximité des préoccupations quotidiennes des Africains.

Le cinquième chantier traite des ONG. Le rôle des ONG françaises reste encore trop modeste si on le compare aux puissantes organisations anglo-saxonnes ou allemandes. L'objectif est donc de faire transiter par les ONG une part plus importante de l'aide publique au développement. Le Président de la République a pris l'engagement de doubler, entre 2004 et 2009, le montant des fonds transitant par les ONG.

En ce qui concerne la francophonie, objet du sixième chantier, M. Alain Joyandet a confirmé qu'elle demeurait l'une des grandes priorités de la diplomatie française. Il a rappelé qu'avec 84 millions d'apprenants et plus de 400 000 enseignants, le français était la deuxième langue la plus enseignée dans le monde. Il s'agit d'un capital d'influence considérable.

Ainsi, pour l'audiovisuel extérieur de la France, objet du septième chantier, TV5 monde, France 24 et RFI sont de formidables outils de rayonnement sur le continent et constituent la meilleure garantie, à long terme, de notre influence dans le monde. Pour des raisons évidentes, il est souhaitable que cet outil continue à être géré par le ministère des affaires étrangères et européennes.

Le huitième et dernier chantier annoncé par le Président de la République au Cap, en février dernier, porte sur notre présence militaire sur le continent et la renégociation de nos accords de défense.

a conclu en indiquant que le Parlement sera bien évidemment associé à la réalisation de ces chantiers.

Un débat s'est alors engagé au sein de la commission.

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