Intervention de Didier Lockwood

Commission des affaires culturelles, familiales et sociales — Réunion du 25 avril 2007 : 1ère réunion
Enseignement artistique — Audition de M. Didier Lockwood vice-président du haut conseil de l'éducation artistique et culturelle

Didier Lockwood, vice-président du Haut Conseil de l'éducation artistique et culturelle :

En réponse aux différents intervenants, M. Didier Lockwood a donné les informations suivantes :

- la mise en phase des administrations de la Culture et de l'Education nationale laisse malheureusement encore à désirer ; le développement de l'enseignement artistique et culturel à l'école se heurte au problème de la formation des enseignants ; aussi le Haut Conseil s'est-il tourné vers les Instituts universitaires de formation de maîtres pour faire évoluer la formation dispensée aux maîtres des écoles ; en l'état actuel des choses, ceux-ci ne reçoivent que douze heures de formation musicale pendant les deux années qu'ils passent en IUFM, ce qui est très insuffisant et constitue une diminution de moitié par rapport à ce qui se pratiquait il y a encore trois ans et un recul encore plus net par rapport à la situation d'il y a dix ans.

Le Haut Conseil s'est en outre proposé de développer des parrainages d'artistes dans les IUFM de façon à préparer les artistes à travailler avec l'éducation nationale et les professeurs à travailler avec les artistes ;

- la place de la culture dans l'enseignement devrait faire l'objet d'un traitement privilégié car la culture du sensible est la porte d'entrée des autres disciplines ; il faut montrer que la culture ne se limite pas à un simple divertissement mais qu'elle constitue un précieux vecteur d'apprentissage ; ainsi, par exemple, une pratique artistique est un bon moyen de renforcer chez les élèves l'ouverture et la confiance en soi ;

- la culture, dans sa forme humaniste, repose sur un double processus d'éveil et de mémoire ; or l'école ne parvient plus à enrayer aujourd'hui l'évaporation de cette mémoire sur laquelle repose cependant notre civilisation ; tout ce que tente de faire l'école est aujourd'hui compromis par la puissance des grands médias télévisuels qui, malgré la concurrence croissante d'internet, restent un vecteur d'information et d'influence extrêmement puissant davantage propice à la diffusion du divertissement qu'à la culture de l'intelligence ; cette situation place le pouvoir politique devant un véritable choix de société : privilégier quelques rares individus ou permettre au plus grand nombre de faire fructifier son intelligence et sa sensibilité à travers l'éducation et les pratiques artistiques ;

- certes, les arts et la culture sont bien présents dans les programmes de télévision si l'on prend en compte l'ensemble du panel des chaînes disponibles, mais ils sont très peu représentés dans les grilles des grandes chaînes, car celles-ci, y compris celles qui relèvent du service public comme France 2, dépendent des recettes publicitaires, et sont de ce fait dépendantes d'une logique d'audience dictée par l'audimat ;

- les artistes doivent prendre conscience qu'il courent aujourd'hui le risque de perdre leur public et que la formation de nouveaux publics dépend très largement de l'enseignement artistique et culturel plutôt que de la programmation des chaînes de télévision dans lesquelles ils n'occupent plus qu'une place très marginale ;

- les pouvoirs publics nationaux et territoriaux doivent également prendre conscience que l'éducation artistique et culturelle constitue un véritable investissement, et que les crédits qu'ils y consacrent sont finalement moins coûteux que la réparation des dégâts que pourrait causer une jeunesse laissée en déshérence.

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