a indiqué en préambule qu'il avait le sentiment que la crise économique actuelle était plus profonde qu'une simple crise du système financier en raison de la coïncidence de trois facteurs qui pesaient sur l'économie réelle :
- le premier facteur, qui s'inscrit dans un cycle de long terme, a été celui de la croissance rapide de l'après Seconde Guerre mondiale caractérisée en France par la période des « 30 glorieuses » et qui s'est terminée à la fin des années 70 avec les chocs pétroliers ouvrant une période d'incertitude pour l'économie mondiale ;
- le deuxième facteur, qui résulte d'un cycle de moyen terme, tient à l'éclatement de la « bulle Internet » à la fin des années 2000, qui a mis un terme à une période de croissance économique liée à l'irruption de la nouvelle économie dans la décennie des années 1990, c'est-à-dire aux industries de communication et de transports, dont les Etats-Unis d'Amérique et les pays émergents ont tiré profit, mais non les pays européens, en raison de l'impact de la réunification allemande ;
- enfin, le troisième et dernier facteur, qui s'inscrit dans le cadre d'un cycle de court terme engagé au début des années 2000, est de nature politique, avec notamment les attentats terroristes du 11 septembre ou l'intervention en Iraq qui, avec une politique budgétaire expansionniste et une politique monétaire et fiscale agressives des Etats-Unis, ont donné lieu au retournement de la fin de l'année 2006, marquée par la hausse du taux d'endettement des ménages et le creusement du déficit extérieur.
a estimé que la conjonction de ces trois facteurs expliquait l'ampleur et la profondeur de la crise économique actuelle, qui frappait l'économie réelle, au-delà de la crise du système financier.
Il a ensuite indiqué que, si l'ensemble des pays étaient confrontés à cette crise, les défis n'étaient pas identiques aux Etats-Unis, en Asie et en Europe.
S'agissant de l'Asie, qui a été pendant longtemps présentée comme le principal moteur de la croissance économique mondiale, M. Jacques Mistral a considéré que les difficultés économiques rencontrées par les pays de ce continent étaient la résultante de la situation de l'économie nord-américaine, la croissance économique en Asie n'ayant été rendue possible que par le moteur de la demande des Etats-Unis.
Il a estimé que le principal enjeu tenait à la forte dépendance de ces pays aux exportations, à l'image du Japon, de la Corée du Sud, de Taïwan, des « tigres asiatiques » ou de la Chine, qui, depuis un demi-siècle, ont tous fondé leur croissance économique sur ce modèle.
Il a toutefois indiqué qu'il n'était pas aisé de changer de modèle et de substituer la demande interne aux exportations, car cela nécessite de modifier en profondeur les structures de production, l'exemple du Japon montrant que la structure productive de ce pays ne s'était pas adaptée à une croissance autocentrée.
Concernant les Etats-Unis, qui sont les plus touchés par cette crise, M. Jacques Mistral s'est déclaré optimiste sur les capacités de ce pays à rebondir, compte tenu des nombreux atouts dont il dispose, avec des ressources immenses, un grand potentiel humain, des talents, des universités et des centres de recherches performants et des institutions stables.
S'agissant de l'Europe, M. Jacques Mistral a estimé que, sans disposer des mêmes avantages comparatifs que les Etats-Unis, les pays européens n'étaient pas aussi dépendants des exportations que les pays asiatiques et il s'est donc déclaré relativement optimiste sur les capacités de l'Europe à sortir de la crise actuelle.
En conclusion, M. Jacques Mistral a souligné que le principal motif d'inquiétude pour l'avenir tenait à la permanence de déséquilibres globaux, avec le déficit des Etats-Unis et l'excédent de la Chine. Il a indiqué qu'il avait été frappé que ce sujet n'ait pas été évoqué lors des réunions récentes du G20, de même que les fortes variations du taux de change du dollar américain, en dépit des préoccupations exprimées sur ce point par le Premier ministre chinois. Il a rappelé que le taux de change entre l'euro et le dollar avait connu de fortes variations ces dernières années, allant jusqu'à un taux de change de 1 euro pour 1,60 dollar, et que ces variations semblaient s'amplifier de plus en plus, ce qui risquait de devenir un facteur de tension entre les Etats-Unis et l'Europe.