En réponse, M. Jacques Mistral a indiqué que, lors de son séjour aux Etats-Unis, en qualité de conseiller économique à l'ambassade de France, puis de professeur à l'université Harvard, il avait été frappé par le peu d'intérêt manifesté par les personnels du Pentagone ou les industriels de la défense à l'égard de la situation financière. Le Trésor américain a eu jusqu'à présent de grandes facilités pour financer la défense. La crise économique n'a pas eu pour l'instant de conséquences sur le niveau du budget de la défense américain, mais on peut s'interroger sur la capacité des Etats-Unis à financer dans la durée les investissements et les opérations extérieures. La nouvelle administration américaine entend du reste procéder à une revue systématique des budgets de défense afin d'en diminuer le poids. Par ailleurs, il peut sembler contradictoire de vouloir renforcer les relations économiques avec la Chine, comme le souhaite le secrétaire d'Etat au Trésor, alors que le ministère de la défense publie régulièrement des rapports qui présentent la Chine comme la principale menace pour la sécurité des Etats-Unis.
De manière plus générale, M. Jacques Mistral a estimé que la crise économique actuelle entraînait une redistribution des cartes au niveau international.
Ainsi, en ce qui concerne la Russie, et alors que ce pays était considéré encore récemment comme un eldorado, M. Jacques Mistral s'est déclaré très pessimiste sur son avenir économique, compte tenu de la forte dépendance de ce pays aux matières premières.
Il a considéré que les succès économiques récents de la Russie étaient fondés sur le prix élevé du pétrole et sur son augmentation rapide et régulière, qui avait engendré des excédents importants, mais que cette situation s'était retournée brutalement avec la crise économique. Il a mentionné le risque que les difficultés économiques de la Russie aient des conséquences en matière de défense et de sécurité, ramenant les ambitions de ce pays à des niveaux compatibles avec ses moyens.