Intervention de Charles Edelstenne

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 27 mai 2009 : 1ère réunion
Conséquences de la crise économique et financière en matière de sécurité et de défense — Audition de M. Charles Edelstenne président de dassault aviation et président du groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales gifas

Charles Edelstenne, président de Dassault Aviation et président du Groupement des Industries françaises aéronautiques et spatiales (GIFAS) :

a tout d'abord précisé qu'il s'était exprimé le 2 avril dernier en tant que président du GIFAS et que c'était aujourd'hui en qualité de président de Dassault Aviation qu'il le faisait. Il a indiqué que la crise économique avait commencé à faire sentir ses effets durant le dernier trimestre 2008, et s'était fortement accrue durant le premier trimestre 2009 pour aboutir aujourd'hui à un marché « plat », marqué par un faible nombre de clients tant pour les avions neufs que d'occasion, de faibles commandes, des résiliations de commandes à la hauteur de vingt-sept appareils à la fin du premier trimestre 2009, et, enfin, des reports de commandes. Il a souligné que la reprise se marquerait d'abord par les ventes d'avions d'occasion car les futurs clients d'avions neufs veulent d'abord pouvoir vendre leurs appareils plus anciens. Si la crise s'estompe, l'existence d'un carnet de commandes de plus de 480 Falcon, passées à la fin 2008, constitue un facteur d'amortissement et garantit le plan de charges, à condition que la crise ne dure pas trop longtemps.

Il a déploré que ces difficultés économiques surviennent alors que le marché aéronautique bénéficiait d'une forte demande, qui avait conduit au triplement des cadences de fabrication. L'arrêt brutal des commandes, alors que le cycle de production est d'environ vingt-quatre mois dans l'aéronautique, se traduit par un blocage de cette production puisque les usines d'amont anticipent de deux ans les demandes. Il a fait état des quelque 20 000 licenciements intervenus dans les sociétés aéronautiques américaines, et a décrit les mesures décidées par sa société pour faire face à cette soudaine baisse d'activité : les salariés ont été incités à utiliser de façon anticipée leurs RTT, et trois jours et demi de chômage partiel en moyenne par mois ont été décidés à la rentrée 2009. Les embauches ont été bloquées, les intérimaires renvoyés, les salaires des cadres supérieurs gelés, les frais généraux réduits, et le dividende versé aux actionnaires diminué de moitié. Dassault Aviation s'efforce, dans le même temps, de maintenir les investissements affectés à la recherche et au développement, et de soutenir les entreprises sous-traitantes, qui bénéficient par ailleurs de mesures étatiques comme le report de certaines charges. Ces entreprises constituent en effet le maillage industriel sur lequel s'appuiera la reprise lorsqu'elle se fera sentir.

a rappelé que Dassault Aviation consacrait près des trois-quarts de ses activités à l'aéronautique civile et un quart à l'aéronautique militaire.

Evoquant ce dernier secteur, il a rappelé que 92 Rafale devaient être initialement produits entre 2009 et 2014, mais que le projet de loi de programmation militaire (LPM) couvrant cette période avait réduit ce nombre à 52 pour le marché national, si des exportations étaient prévues, et à 69 s'il en constituait le seul débouché. Il a constaté que cette fourchette conduirait à une production annuelle variant de six à onze Rafale, soit un niveau très faible. Il s'est donc félicité que le plan de relance du Gouvernement français prévoie la production, anticipée sur la future LPM, de deux Rafale, la transformation de deux Falcon 50 de l'ETEC (Escadron de transport, d'entraînement et de calibration) en avions de surveillance maritime, la qualification du centre de simulation à la conduite du Rafale, de façon anticipée, au standard F3, l'élaboration d'un PEA (plan d'études amont) consacré à l'aérodynamique active, et une accélération du renouvellement des pièces de rechange, qui constitue un bon soutien aux PME du secteur.

Abordant les perspectives d'exportation du Rafale, fondamentales pour Dassault Aviation, il a rappelé que des discussions portant sur la livraison de 60 avions étaient en cours avec les Emirats Arabes Unis, et que le Rafale était en compétition pour des marchés en Libye, en Grèce, en Suisse et au Brésil, avec l'appui très efficace de l'Etat, notamment du Président de la République. Il a précisé que Dassault Aviation prospectait également le Koweit, le Qatar, Oman et Bahreïn. Il a également évoqué les tractations en cours en Inde, soulignant la longueur des processus de décision dans ce pays.

Puis un débat s'est ouvert au sein de la commission.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion