Deuxième acteur de la vente privée en Europe, Showroomprivé, 180 millions de chiffre d'affaires et 300 employés, fait partie des barbares... Notre modèle est celui du pure player et de la vente événementielle. L'e-commerce dans 15 ans ? L'irruption d'un nouvel acteur peut tout bouleverser en peu de temps. Une année d'internet vaut sept ans, un peu comme pour les chiens. Soyons donc humbles et prudents par rapport aux évolutions. Il faut être hyper-pragmatique et ne pas oublier que la relation client est notre ADN.
Si l'e-commerce, le f-commerce ou le m-commerce restent fondamentalement du commerce, ils ont ceci de particulier qu'ils demandent de lourds investissements. Ils obligent à recourir à de nombreuses compétences, des ingénieurs jusqu'aux photographes et aux mannequins. Et pour être rentable, à moins d'exploiter une niche, il faut se positionner sur le marché européen -qui reste, ne l'oublions pas, le premier au monde.
Or, pour les entrepreneurs, l'Europe n'existe pas. D'abord, les législations, fiscales en particulier, diffèrent d'un État membre à l'autre. Comment être compétitif face à Amazon qui s'installe en Irlande ou eBay qui choisit le Luxembourg, des pays où l'on se fiche littéralement de l'impôt sur les sociétés ? De même, cela me rend fou que la société Asos se fasse simplement taper sur les doigts pour avoir communiqué sur les soldes deux jours avant leur début. Si nous osions un coup pareil, la DGCCRF nous tomberait dessus !
Ensuite, les investisseurs européens se comportent comme des banquiers : ils attendent des retours rapides. Aucun Français n'a accepté de financer notre développement ; nous avons dû nous tourner vers l'investisseur initial de Facebook, qui est américain.
Autre difficulté pour les entreprises françaises, la politique très agressive des acteurs du e-commerce dans les pays émergents. Pour gagner des parts de marché, ils proposent des prix très bas ce qui nous oblige à travailler avec des marges plus faibles. D'où, encore, l'importance des financements.
Des barbares ? Nous, nous respectons la réglementation française. J'ai fait l'objet de deux contrôles fiscaux cette année, comme si toute entreprise qui grossissait en France était forcément suspecte. Je ne m'en plains pas particulièrement. En revanche, je suis contre le « deux poids, deux mesures ».