Intervention de Ulric Jerome

Délégation sénatoriale à la prospective — Réunion du 28 septembre 2011 : 1ère réunion
Commerce électronique atelier de prospective

Ulric Jerome, directeur général de Pixmania :

La prospective ? Tant de choses n'avaient pas été prévues ces dix dernières années...

Premier message que je veux faire passer : Pixmania, fondée par les frères Rosenblum, réalise en Europe les deux tiers de ses 900 millions de chiffre d'affaires. L'Europe, un mot sympathique, mais qui n'a pas de réalité hors de la libre circulation des marchandises. À chaque fois, nous devons nous adapter à la réalité du pays.

Ensuite, notre frustration très forte devant l'absence de dialogue avec les politiques : aucune concertation sur le projet de directive « droit des consommateurs » ! Entre mars et juin, j'ai passé 70 % de mon temps entre Strasbourg, Bruxelles et Paris auprès des députés européens et des responsables ministériels en France à expliquer, argumenter, convaincre. Je me réjouis donc de cette rencontre : venez-nous voir, vous pouvez être fiers des fleurons français de l'e-commerce.

La fragmentation du paysage européen donne l'avantage à nos concurrents étrangers. Je pense à l'américain Amazon, qui finance sa pénétration avec le cash généré aux Etats-Unis et pratique des prix très agressifs quand, nous, nous sommes contraints par un environnement très difficile - je pense, entre autres, à la fiscalité.

Autre difficulté, certains distributeurs pratiquent une forme de discrimination envers l'e-commerce. Ils favorisent le retail traditionnel - je pourrais citer certaine cafetière à 99 euros qui n'est pas précisément un produit de luxe. Pourtant, nous aussi croyons en l'interaction physique ; nous avons ouvert un magasin en 2002.

Amazon, 40 milliards de chiffre d'affaires cette année, est en passe de devenir la nouvelle Wal-Mart en Europe - ne nous voilons pas la face. Face à cette situation, nous devons capitaliser notre savoir-faire, créer une plate-forme. Rendez-vous compte : en Europe, nous travaillons avec 90 taxes et 27 transporteurs différents sans parler des monnaies et des langues ! Pour retrouver l'égalité des armes avec nos concurrents extra-européens, nous réfléchissons au développement des services. Nous avons ainsi signé un accord avec Carrefour sur la partie non food.

Nous devons aller vite car les Chinois, quand ils en auront terminé avec leur marché intérieur, seront redoutables. Ils comprennent parfaitement le marché. Leur dictature est totalement contrôlée, mais surtout totalement financée... Si l'Europe continue d'être aussi fragmentée que réglementée, toutes les sociétés passeront dans des mains étrangères. Nous avons vendu 77 % de Pixmania à l'anglais Dixons. À l'époque, il n'y avait eu aucun projet français ambitieux autour de la table...

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