Villes et transports en Ile-de-France regroupe des collectivités et des transporteurs, parmi lesquels la RATP et la SNCF. La Caisse des dépôts compte également parmi ses membres. L'association fonctionne comme un club de réflexion pour ces opérateurs, sur les questions émergentes, en particulier en matière de logistique urbaine. Pour paraphraser Apollinaire, je dirai que la vie est lente et que l'espérance du e-commerce est violente. A la mesure de son dynamisme. Comme jadis le moteur à explosion, le béton armé ou l'ascenseur, ce nouveau mode de commercer est de nature à bouleverser la structure urbaine, même si, comme lors de la naissance de l'imprimerie, on ne mesure pas d'emblée les effets d'une telle révolution. Elle aura pourtant des conséquences sur l'environnement, l'urbanisme, les modes et les rythmes de vie. Ces évolutions à venir sont cependant plus difficiles à modéliser que la seule question des transports.
L'essentiel, à mon sens, est la notion de flux, qui engage la question du stockage puis de tout le process de dégroupage et de distribution. Car c'est là que l'e-commerce introduit du nouveau et exige des transporteurs qu'ils s'adaptent. Se pose également la question des infrastructures, qui appelle, de la part des collectivités, une réflexion sur la réorganisation de la régulation des flux, au niveau régional. L'Ile-de-France, pour l'heure, n'est pas encore au bout du chemin... Il s'agit d'essayer de contrôler les plates-formes, animées d'une tendance centrifuge, qui laisse derrière elle des friches urbaines, à recycler. Quant à la massification des flux, elle engage des questions comme celle de l'intermodalité, de la mutualisation, des véhicules peu polluants. Se pose, enfin, le problème de l'entrée dans les zones denses, avec deux cas de figure, celui des villes très denses, comme Paris et celui des villes émergentes, sachant que, dans ce cas, 70 % des déplacements se font de banlieue à banlieue, et que la grande distribution y est prépondérante : le e-commerce y est peut-être mieux adapté. Des opérateurs dynamiques essayent de développer, avec les villes, des projets de création d'hôtels de logistique urbaine. Sogaris vient de remporter un appel d'offres de la SNCF pour la porte de La Chapelle, qui signifie à la fois des emplois en plus et des camions en moins (13 700 environ). L'activité de l'hôtel ira du dégroupage de la marchandise au sein du bâtiment à sa distribution par une flotte non polluante. S'y ajouteront des activités tertiaires complémentaires, et des logements, pour que le site soit économiquement rentable, mais aussi qu'il ne suscite pas un rejet par les riverains, comme cela s'est vu à Bruxelles. L'association s'emploie à accompagner ce projet, avec d'autres opérateurs, pour mettre en place des modalités de financement adaptées.
Autre piste d'amélioration, la gestion des circuits de livraison. Distripolis met en place, avec Geodis, un réseau de points de distribution, avec mutualisation des tournées. On s'inspire aujourd'hui du modèle japonais, qui a su traiter du problème de l'hyperdensité. L'appareil logistique peut gagner à être placé au sein de la ville, avec un système de conciergerie pour une distribution plus intelligente par livreurs.
Faut-il s'inquiéter d'un dépérissement des centres-villes ? Le danger est lointain, mais il est vrai qu'il faut s'en soucier. J'observe cependant que certains sites, comme Chapitre.com, ouvrent des points de vente.