a apporté les éléments de réponse suivants :
- la capacité d'action des mouvements de guérillas d'Irak ne peut s'expliquer seulement par les moyens financiers importants des djihadistes étrangers. Elle s'appuie avant tout sur un profond sentiment de désespoir de la communauté arabe sunnite, aujourd'hui exclue après les siècles de domination qu'elle a exercée sur le pays. Ce sentiment a été longtemps sous-estimé par les Etats-Unis. Il est significatif de constater que, même si les attaques aveugles contre la population suscitent de la répulsion, la grande majorité des quelque 650 kamikazes qui se sont donnés la mort, dans des attentats, depuis la chute de Saddam Hussein, sont des Irakiens. Cela étant, la politique de la « terre brûlée » menée par Al Zarkaoui, qui vise les Américains à travers les chiites, n'est aujourd'hui soutenue que par une minorité, y compris au sein des djihadistes proches d'Al Qaïda. Le retour à la violence est lié au contexte politique, qui conduit beaucoup à constater que la stratégie d'intégration des sunnites dans le processus politique s'avère un échec patent ;
- il n'est pas certain que les Etats-Unis pourront saisir l'opportunité d'une résolution du Parlement irakien demandant le retrait des forces étrangères. Comment se retirer d'un pays dont ils ont contribué à diviser durablement la population et où chaque jour qui passe renforce la surenchère communautariste qui se traduit par la violence ? La logique de communautarisation à l'oeuvre aujourd'hui peut empêcher le départ des forces américaines. C'est un cercle vicieux : la présence des forces d'occupation semble condamner la société irakienne au communautarisme, leur retrait livrerait encore davantage le pays au chaos ;
- la partition de l'Irak, parfois évoquée comme une solution, est impossible en pratique. La seule région dont l'irakité fait débat est le Kurdistan. Or les Kurdes ne pourront ni revenir dans le « giron » irakien, ni accéder à l'indépendance ; ils devraient négocier un nouveau contrat de coexistence avec les Arabes du pays, au lieu de poursuivre une politique suicidaire de « cavalier seul » et du fait accompli, qui ne leur est permise que grâce à la présence des troupes étrangères. Une partition confessionnelle est encore plus impossible : chiites et sunnites appartiennent à une même société et, en Irak, le fait confessionnel n'est pas ethnicisé. En conséquence, les pays voisins redoutent moins une partition de l'Irak qu'une guerre sans fin qui empêcherait toute stabilisation, retardant d'autant le départ des troupes étrangères. Leur vraie crainte est que le « volcan irakien » n'embrase toute la région et ne conduise à des affrontements comparables à ceux qui ont cours ailleurs qu'en Irak. L'Iran, la Turquie et les pays arabes entendent préserver coûte que coûte l'unité de l'entité irakienne qui, d'ailleurs - à l'exception du Kurdistan - n'a rien d'artificiel ;
- il n'y a pas de contradiction entre le nationalisme des chiites irakiens et l'influence qu'exerce l'Iran sur cette communauté. L'Iran soutient des forces politiques en Irak parce qu'elles sont chiites. Téhéran ne s'avance pas comme puissance « persane », mais comme puissance chiite ;
- si certains, en Arabie saoudite ou dans le monde arabe hors d'Irak, perçoivent un regain de popularité de Saddam Hussein, tel n'est pas le cas en Irak où beaucoup trop de familles ont souffert de son régime.