Intervention de Jean-Pierre Raffarin

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 7 mai 2008 : 1ère réunion
Chine — Situation générale - communication

Photo de Jean-Pierre RaffarinJean-Pierre Raffarin :

a tout d'abord souhaité rappeler que la délégation conduite par M. Christian Poncelet, président du Sénat, et la délégation conduite par lui-même dans le cadre de la Fondation Prospective et Innovation, étaient allées en Chine en suivant un calendrier établi de longue date. Ce sont les événements récents, lors du passage de la flamme olympique à Paris, qui ont conduit le président de la République à demander à ces deux délégations de transmettre des messages aux autorités chinoises. Il a également rappelé que la mission de M. Jean-David Lévitte, conseiller diplomatique du Président de la République, était elle aussi envisagée depuis longtemps, et s'inscrivait dans le cadre des rencontres bimensuelles du partenariat stratégique global conclu entre la Chine et la France.

a déclaré que le contexte général de ces visites était essentiellement marqué par le choc de deux émotions : celui des violences au Tibet sur l'opinion publique occidentale, et celui des images du passage de la flamme olympique en Occident sur l'opinion publique chinoise. A cet égard, il a indiqué que l'Occident aurait tort de considérer qu'il n'y a pas d'opinion publique en Chine ; au contraire, les idées et les images circulent vite, en particulier chez les étudiants, catégorie de la population chinoise la plus ouverte sur le monde. La façon dont a été bousculée la jeune athlète Jin Jing a particulièrement blessé la jeunesse chinoise, à tel point que certains de nos compatriotes en Chine ont été pris à parti par les Chinois. M. Jean-Pierre Raffarin a insisté sur le fait qu'il fallait donc mesurer le choc ressenti par les Chinois, et ne pas mésestimer leurs inquiétudes.

a ensuite déclaré que le discours chinois était très articulé. Le premier axe porte sur la stabilité : lorsqu'1 % de Français s'agitent, cela représente 600 000 personnes, et cela reste un problème intérieur ; lorsqu'1 % de Chinois font de même, ce sont 13 millions de personnes qui sont dans la rue, et il s'agit d'un problème international. Les Chinois font donc de la stabilité politique de leur pays une priorité absolue, que personne n'a intérêt à déséquilibrer. En deuxième lieu, les Chinois tiennent à ce que l'unité nationale du pays reste un problème de souveraineté intérieure, qu'il s'agisse de Taïwan ou du Tibet. Enfin, les Chinois estiment qu'ils sont en train de vivre une « renaissance », et qu'elle passe par l'ouverture sur le monde. Les autorités chinoises ont choisi deux instruments du statut international, à savoir : les Jeux olympiques et l'Exposition universelle, qui sont typiquement des instruments occidentaux. Leur message est : « Nous sommes capables de tenir notre rang. Si nous ne faisons pas tout maintenant, en particulier sur le développement durable, c'est que nous ne pouvons pas tout faire en même temps. Ne gâchez pas nos gestes d'ouverture par des positions de fermeture ».

a ensuite précisé que les autorités chinoises avaient été les premières à rétablir le contact avec la France, puisque le Président Hu Jintao avait envoyé un émissaire porteur d'une lettre au Président Sarkozy. Les autorités chinoises y fixaient trois conditions pour reprendre le dialogue avec le Dalaï Lama : 1. l'exclusion d'une sécession au Tibet ; 2. l'arrêt des violences ; 3. ne pas « fragiliser » ou « saborder » les Jeux olympiques. M. Jean Pierre-Raffarin a indiqué que l'envoi de ce message constituait déjà une initiative favorable au dialogue. En réponse le message français est clair et affirmait le maintien des relations entre la France et la Chine telles qu'elles existent depuis la reconnaissance de 1964. La France entend donc tout faire pour assumer sa position de pointe des amis de la Chine, et conforter le partenariat stratégique global qu'elle entretient avec elle. Il a rappelé que la France en avait tiré avantage, notamment sur la question irakienne ou l'attribution du site d'ITER à la France.

Puis M. Jean-Pierre Raffarin a souligné le fait que, depuis ces interventions combinées, le dialogue avait repris entre les représentants du Dalaï Lama et les autorités chinoises, avec une première rencontre, le 4 mai dernier, à Shenzhen, en Chine, qui semble s'être plutôt bien déroulée. Une nouvelle rencontre est d'ores et déjà prévue, et tout indique que les deux parties se sont engagées à avancer. Le Président de la République, et le Gouvernement français, avaient fait de la reprise de ce dialogue une priorité, et s'étaient beaucoup mobilisés en ce sens. Evoquant la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques, M. Jean-Pierre Raffarin a fait observer que le Président de la République avait indiqué, à Tarbes, le 25 mars, puis à Cahors, le 8 avril, que c'est en fonction de la situation, et en particulier de la reprise du dialogue, qu'il déterminerait les conditions de notre participation à cette cérémonie. Le dialogue a été renoué : il s'agit certainement d'un élément dont le Président tiendra compte au moment d'annoncer sa décision.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion