En réponse, M. Roger Auque a apporté les éléments suivants :
- la personnalité du général Michel Aoun est contrastée : à son actif, il faut mettre son patriotisme et son honnêteté, qui donnent de la valeur à ses dénonciations de la corruption entachant la classe politique libanaise. Cette dénonciation est similaire à celle exprimée par Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah. Cependant, sa très forte ambition politique l'a conduit à une alliance avec le Hezbollah, sur la foi de l'engagement écrit de M. Nasrallah de s'engager dans la construction d'un Etat laïc. Dans cette perspective, il a sans doute reçu un soutien financier de ce mouvement. En dépit de l'ingratitude qu'il manifeste envers la France, qui lui a permis, dans les années 1980, de quitter son pays où il était menacé de mort, puis qui l'a accueilli et protégé, il serait réducteur de le considérer comme pro-syrien ;
- les forces américaines peuvent matériellement neutraliser Bagdad et en éliminer les forces rebelles. Mais cette victoire militaire ne débouchera sur aucun acquis durable, car la situation irakienne réclame une solution politique ;
- les appareils américains basés sur les deux porte-avions qui croisent actuellement dans le détroit d'Ormuz peuvent procéder à des frappes ciblées en Iran, mais les conséquences politiques en seraient considérables et inquiétantes ;
- l'intervention américaine en Irak, quelles qu'aient été ses erreurs et ses imperfections, a eu cependant le mérite d'éveiller toute une génération à des valeurs démocratiques, qu'elle a pu exprimer par ses bulletins de vote. Par ailleurs, le contrôle exercé par les forces américaines sur les gisements de pétrole irakien ont contribué à stabiliser les prix du brut, en dépit du fait qu'environ un tiers de la production irakienne est détourné par la contrebande ;
- la FINUL renforcée exerce une dissuasion très efficace, tant envers les Israéliens qu'envers le Hezbollah. Les troupes françaises, en particulier, dont le contingent est le deuxième en nombre, sont basées au plus proche de la frontière libano-israélienne, où elles ont mis un terme aux infiltrations israéliennes, ainsi qu'aux intimidations du Hezbollah. Leur attitude résolue a été appuyée par de fréquentes patrouilles exercées le long de la frontière dans des chars Leclerc. Cette interposition est indispensable, face aux manoeuvres d'intimidation terrestres et aériennes de l'armée israélienne et aux menaces du Hezbollah. On estime que ce mouvement a sauvegardé environ la moitié de ses moyens militaires, malgré l'offensive israélienne de cet été. Cet arsenal est renforcé par de nombreux armements, expédiés de Syrie, et actuellement stockés au Nord du fleuve Litani, hors de la zone contrôlée par la FINUL ; il s'est inquiété de la résurgence du risque d'attentat contre les troupes de la FINUL en cas de frappes en Iran, auxquelles répondrait l'ouverture d'un second front au Liban ;
- le bilan de l'action menée à la tête de la FINUL par le général Pellegrini est donc considéré comme très positif.