A M. Bernard Seillier, rapporteur, qui l'avait interrogé sur la vocation sociale des entreprises, M. Jacques Attali, soulignant l'importance de la question, a répondu que si leur objectif principal était de réaliser des profits, cela n'excluait pas que leurs activités aient des répercussions favorables pour l'ensemble de la société, et ceci par deux voies. D'une part, le développement des entreprises suppose que leurs salariés y demeurent, et donc s'y épanouissent, ce qui les encourage à développer leur dimension éthique. Par ailleurs, l'action sociale des entreprises rejoint parfois leurs intérêts marchands à long terme, celles-ci se ménageant indirectement une nouvelle clientèle lorsqu'elles favorisent matériellement ou financièrement leurs salariés. Si la première de ces deux voies est privilégiée par les entreprises à l'échelle nationale, la seconde l'est au niveau mondial, les pauvres étant de plus en plus appréhendés comme un marché à part entière.
ayant évoqué la formule du président de Microsoft et créateur de la fondation portant son nom, Bill Gates, selon lequel le capitalisme devait devenir créatif, M. Jacques Attali a recommandé de responsabiliser davantage les entreprises et les banques sur le thème de la discrimination en leur imposant, non des quotas, mais la remise chaque année d'un rapport en la matière. Observant que la résorption des conséquences négatives du capitalisme pouvait passer par la création d'une fondation humanitaire grâce à des bénéfices sociaux mais aussi par la vente d'une entreprise à une ONG, il a regretté que la tendance soit aujourd'hui globalement inverse, le mutualisme disparaissant progressivement avec le rachat des parts des sociétaires sous forme d'actions.