A Mme Brigitte Bout, présidente, qui sollicitait son point de vue face aux récentes émeutes de la faim à travers le monde, M. Jacques Attali, après avoir rappelé qu'il avait créé l'association Action contre la faim il y a une trentaine d'années, a souligné qu'il ne s'agissait pas d'un phénomène nouveau, 850 millions de personnes souffrant aujourd'hui de malnutrition sur la planète. L'expliquant tout à la fois par le recours accru aux biocarburants, les épisodes de sécheresse, la crise des subprimes ou la soumission des politiques sociales des pays en développement aux grandes institutions financières internationales, il a précisé que la population mondiale s'accroîtrait de 2 milliards d'individus d'ici à vingt ans, fait sans précédent dans l'histoire de l'humanité. Observant que l'augmentation de la demande alimentaire qu'elle provoquerait entraînerait une hausse du niveau des prix qui bénéficierait directement aux agriculteurs, il a toutefois appelé à des mutations structurelles en vue d'y répondre, telles qu'une augmentation des investissements en matériel agricole, une remise en cause de la production de biocarburants, ou encore l'arrêt de l'annulation de la dette des pays pauvres comme politique de développement et l'octroi direct aux paysans concernés des sommes correspondantes.