a précisé que la France avait déjà développé des partenariats avec un certain nombre d'universités et de laboratoires indiens ; il a cité l'exemple du Centre Franco-Indien pour la Promotion de la Recherche Avancée (CEFIPRA), qui constitue notre meilleur outil de coopération avec l'Inde.
Il a indiqué que la délégation avait été séduite aussi par plusieurs projets très intéressants, ouvrant des perspectives prometteuses, notamment la « cyber-université » (enseignement à distance avec l'Institut Indien de la Science (IIS) de Bangalore) et le projet d'ouvrir une université franco-indienne dans le Nord du pays.
Il a ajouté que le ministre des sciences et de la technologie avait exprimé à la délégation le souhait que la coopération entre nos deux pays se développe dans les secteurs considérés par l'Inde comme prioritaires en matière de recherche et développement, à savoir l'énergie, y compris les énergies alternatives telles que le solaire, les ressources en eau, et, plus généralement, l'environnement.
Il a rappelé qu'il convenait de prendre la mesure de l'urgence en la matière, l'Inde étant très sollicitée par d'autres pays industriels pour nouer des partenariats, mais que la France ne disposait pas, comme les pays anglo-saxons, d'une nombreuse diaspora susceptible de favoriser les échanges.
Il a souhaité que plusieurs actions soient conduites ou amplifiées pour atteindre cet objectif :
- améliorer l'image et la visibilité de nos établissements et faire connaître les progrès en la matière : la création des pôles de recherche et d'enseignement supérieur (PRES) doit faciliter cette prise de conscience à l'étranger ; la mise en place de l'espace de CampusFrance et la récente création d'un centre pour les études en France devraient contribuer à renforcer l'attractivité française ; enfin, la loi du 24 juillet 2006 sur l'immigration et l'intégration offre désormais aux étudiants indiens la possibilité de travailler en France après avoir obtenu un master ;
- rechercher encore davantage les actions de cofinancement des deux pays afin d'accroître le nombre des étudiants indiens venant en France, en privilégiant les formations de deuxième et troisième cycles dans les disciplines jugées prioritaires pour le développement des liens ;
- promouvoir davantage l'apprentissage de la langue française : outre la reconduction du soutien aux neuf Espaces EduFrance implantés en Inde et du dispositif de promotion de notre offre, il faut parvenir à attirer davantage d'étudiants de qualité par le biais des cours de français dispensés par le réseau des Alliances françaises ;
- mettre davantage en valeur les cursus anglophones des universités et grandes écoles françaises, ainsi que la reconnaissance réciproque des diplômes ;
- poursuivre l'effort en termes de bourses ;
- enfin, développer et mieux coordonner les actions de coopération décentralisée en Inde. A cet égard, M. Jacques Legendre, président, a fait part de la suggestion de la délégation de voir les actions conduites par les collectivités territoriales françaises dans le cadre de la coopération décentralisée être développées et mieux coordonnées. Il a jugé d'ailleurs étonnant que l'ambassade de France ne dispose pas d'un attaché de coopération décentralisée. Il a estimé que l'établissement d'un vademecum serait également utile ainsi que la mobilisation des associations d'élus.
Puis il a évoqué la proposition du ministre de la science et de la technologie indien d'établir en commun un inventaire de la totalité des monuments historiques indiens, grâce aux technologies satellitaires. Les conséquences de ce projet pourraient être très positives pour le pays, en termes de maîtrise de la rénovation et de mise en valeur des nombreux trésors constitutifs de son patrimoine.
a insisté ensuite sur la nécessité de renforcer la coopération scientifique et technique avec l'Inde. Le budget qui lui est consacré ayant été divisé par 2 en termes réels en 20 ans, il a souhaité que des efforts budgétaires permettent d'inverser cette tendance.
Afin d'encourager plus largement la mobilité des jeunes chercheurs entre les deux pays, il a insisté aussi sur la nécessité :
- d'accompagner à leur retour les post-doctorants français ayant exercé en Inde une activité de recherche ;
- de donner un nom prestigieux, et connu en Inde, à un système de bourses destiné aux post-doctorants indiens, ce qui renforcerait l'attractivité et la visibilité internationale de la France ;
- de faciliter l'obtention de visas pour les jeunes chercheurs indiens souhaitant faire un stage en France.
Enfin, M. Jacques Legendre, président, a évoqué le volet culturel de la mission, avec l'étude du secteur du cinéma, à l'occasion du passage de la délégation à Bombay.
Il a cité tout d'abord quelques chiffres, afin d'illustrer la réalité de la plus grande industrie cinématographique du monde, non pas en valeur, mais en volume :
- 1.040 films ont été certifiés en 2007 ;
- plus de 3 milliards de billets d'entrée en salles ont été vendus en 2007 et ce chiffre devrait atteindre plus de 4 milliards en 2012 ;
- le prix des billets étant cependant très faible, ces entrées représentent une valeur d'environ 2,5 milliards de dollars (contre 103 pour l'industrie cinématographique américaine) ;
- le pays compte 13.000 écrans de cinéma, dont seulement 400 écrans dans le cadre de multiplexes, mais leur nombre va croître très fortement ;
- le cinéma indien détient 93 % de part de marché, contre 5 % pour le cinéma américain et donc 2 % pour les autres films étrangers ; le cinéma français est d'ailleurs le seul cinéma européen présent en Inde.
Puis M. Jacques Legendre, président, a signalé l'émergence de gros groupes privés multimédias et constaté un accroissement des investissements étrangers dans le secteur, avec la présence notamment des « majors » américaines.
Il a fait valoir que le secteur du cinéma devrait croitre, en effet, de plus de 13 % par an pendant les 5 prochaines années, ce qui pourrait offrir des occasions de renforcer la présence du cinéma français ainsi que pour développer les coproductions.
Il a relevé, ensuite, que la coopération entre nos deux pays se situait principalement au niveau du débat sur la diversité culturelle, de la lutte anti-piraterie, de la promotion cinéma indien en France et du développement des coproductions.
Après avoir précisé que le succès grandissant des multiplexes, la politique française de soutien aux distributeurs indiens et les opérations menées dans les multiplexes, avaient permis la vente d'une quinzaine de films ces 18 derniers mois, il a souligné que plus de 100 millions de personnes en Inde étaient susceptibles de s'intéresser aux médias étrangers, et à la culture française en particulier. Il a relevé que le sous-titrage ne constituait pas un frein car le public éduqué y est habitué, même si une diffusion en hindi et dans une des langues du sud permettrait d'élargir sensiblement le public potentiel.
Néanmoins, il a souligné certains freins à la diffusion des films français tenant notamment à :
- la censure très présente et sévère en Inde ;
- la faiblesse du prix du billet qui rend le marché encore plus attractif ;
- une taxe à l'importation de films étrangers très élevée (de l'ordre de 50 % des droits versés aux producteurs) a été mise en place. M. Jacques Legendre, président, a estimé que la France devrait faire valoir une clause de réciprocité, car elle n'impose pas ce type de droit à l'importation de films indiens.
Il a insisté sur le fait que, dans ce contexte, les pouvoirs publics français avaient fait de gros efforts depuis 3 ans, en exposant gratuitement des films français pour tester le marché, et que l'Inde était aujourd'hui une priorité d'Unifrance. Il a souhaité que la France continue d'assurer encore la présence d'un attaché audiovisuel à Bombay et que, parallèlement, les professionnels français prennent le relais et s'investissent davantage dans ce pays. Il a suggéré que le centre national de la cinématographie (CNC) les y aide davantage, des réflexions étant conduites sur les aides à l'exportation.
Il a précisé que les distributeurs de films français rencontrés avaient insisté sur le fait qu'en se concentrant sur 6 à 8 grandes villes, un public de 25 millions de personnes pourrait être touché.
a conclu que les efforts français devraient porter sur les points suivants :
- tourner davantage de films en anglais ainsi que de films doublés dans des langues indiennes ;
- accroître les aides à la promotion et à la distribution des films nationaux ;
- avoir conscience qu'un développement commercial suppose un ancrage culturel préalable (notamment par le biais des Alliances françaises) ;
- renforcer l'attractivité de la France pour ce qui concerne les tournages, ce qui permettrait aussi de contribuer au renforcement du tourisme indien en France.
Un échange de vue a suivi ces présentations.