Intervention de Michel Barnier

Commission des affaires économiques — Réunion du 9 octobre 2007 : 1ère réunion
Agriculture et santé — Pesticides aux antilles - Audition de M. Michel Barnier ministre de l'agriculture et de la pêche mmes roselyne bachelot-narquin ministre de la santé de la jeunesse et des sports et nathalie kosciusko-morizet secrétaire d'etat chargée de l'écologie et M. Christian Estrosi secrétaire d'etat chargé de l'outre-mer

Michel Barnier, ministre de l'agriculture et de la pêche :

a qualifié la situation de grave, estimant que le Gouvernement devait respecter les principes de transparence, de précaution et d'action. Expliquant que la lutte contre le charançon rouge pouvait être menée avec deux produits, dont le Rugby 10 G, il a souligné que des risques étaient dus à la substance active contenue dans ce dernier et a rappelé qu'il avait décidé pour cette raison de le retirer dès la prochaine campagne de commercialisation, sans attendre l'échéance communautaire prévue fin 2008. Il a précisé avoir également interdit l'utilisation du paraquat dès le mois de juillet.

Insistant ensuite sur la nécessité de développer des alternatives non chimiques aux traitements actuels, il a dit sa volonté d'en tirer des leçons pour s'orienter vers des modes de production durables, ajoutant qu'il avait mis en place une mission chargée de définir un cahier des charges en ce sens. Notant la forte persistance des produits insecticides dans l'environnement, il a chiffré à 6 500 hectares en Guadeloupe et 12 000 en Martinique la superficie des terres les plus gravement polluées. Il a annoncé que la cartographie de ces surfaces sur les deux îles constituerait l'une des actions prioritaires du nouveau plan interministériel coordonné par M. Didier Houssin, directeur général de la santé.

Estimant que les cultures réalisées à titre domestique dans les jardins familiaux devraient également être prises en compte dans ce plan, il a souhaité que des organismes de recherche comme l'institut national de la recherche agronomique (Inra) ou le centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) explorent plus avant le processus de transfert des produits traitants du sol à la plante. Estimant que cette dernière problématique n'était pas essentielle pour les bananes, il n'a pas désiré que soient prises des mesures particulières de restriction de l'usage des sols pour les bananeraies. En revanche, il s'est prononcé en faveur du maintien des restrictions dans l'utilisation des sols pour la culture des tubercules.

Appelant au développement d'une agriculture durable, il a indiqué que seraient réalisés des diagnostics pour chaque exploitation, donnant lieu à des propositions d'accompagnement personnalisées telles que la replantation de variétés traditionnelles, le développement de nouvelles cultures, la mise en jachère ou l'échange de terres. Indiquant qu'il avait chargé un ingénieur du génie rural des eaux et forêts (Gref), en appui à la mission dirigée par M. Didier Houssin, de réfléchir à des possibilités de reconversion, il a évoqué la possibilité de faire appel aux concours financiers du fonds européen agricole pour le développement rural (Feader).

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