Intervention de Roselyne Bachelot-Narquin

Commission des affaires économiques — Réunion du 9 octobre 2007 : 1ère réunion
Agriculture et santé — Pesticides aux antilles - Audition de M. Michel Barnier ministre de l'agriculture et de la pêche mmes roselyne bachelot-narquin ministre de la santé de la jeunesse et des sports et nathalie kosciusko-morizet secrétaire d'etat chargée de l'écologie et M. Christian Estrosi secrétaire d'etat chargé de l'outre-mer

Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la santé, de la jeunesse et des sports :

a rappelé que les premières intoxications avérées au chlordécone ont été observées chez les ouvriers qui fabriquaient ce produit. Leur état de santé a fait l'objet d'une surveillance étroite pendant quinze ans, qui a révélé des effets neurologiques mais sans établir de lien de causalité avec des cancers.

Les premières recherches sur le chlordécone ont débuté en 1998 sur le niveau de pollution des eaux. Dès 2000, un système de filtration a été mis en place, qui permet aujourd'hui de disposer aux Antilles d'une eau courante non contaminée. La même année, la présence de chlordécone dans les sols a été mise en évidence et sa transmission aux organismes vivants a été observée, notamment sur les poissons et les légumes. L'Afssa a alors été saisie conjointement par les ministres chargés de la santé, de l'agriculture et de la consommation. Dans son avis du 10 décembre 2003, l'agence a établi des valeurs toxicologiques limites pour la consommation de fruits, de légumes et de poissons. Un avis du mois d'août 2005 a ensuite fait état les risques du chlordécone pour la population.

Sachant que les études épidémiologiques nécessitent la mise en oeuvre de protocoles lourds, trois recherches ont été lancées, dont deux sont encore en cours : l'étude « Ibiscus » sur les conséquences du chlordécone sur les femmes enceintes en 2004 et 2005, l'étude « Ti Moun » sur l'exposition prénatale au chlordécone, dont les résultats seront connus au début de l'année 2008, et une étude sur l'incidence de ce produit sur l'apparition du cancer de la prostate. Les résultats attendus des deux dernières études, menées par l'InVS, seront complétés grâce aux informations provenant du registre des cancers, qui sera renforcé en Martinique et prochainement créé de Guadeloupe.

Par ailleurs, le Premier ministre a confié une mission au professeur Didier Houssin, directeur général de la santé, qui se rendra prochainement aux Antilles pour faire le point sur les moyens nécessaires à cette surveillance. Il rencontrera à cet effet l'association martiniquaise pour la recherche épidémiologique sur le cancer (Amrec).

En ce qui concerne les capacités d'analyses aux Antilles, le laboratoire Pasteur installé en Guadeloupe est déjà accrédité pour l'analyse de quarante-trois produits présents dans l'eau. Il sera aidé dans sa mission par la création, en 2009, d'un laboratoire de l'office de répression des fraudes. En Martinique, les analyses sont aujourd'hui pour partie effectuées par un laboratoire de la Drôme, qui devrait nouer un partenariat avec un laboratoire martiniquais afin d'organiser un transfert de technologies permettant d'effectuer, dès 2008, l'ensemble des analyses en Martinique. Dès lors, l'accréditation de ce laboratoire martiniquais sera étudiée rapidement.

En réponse à Mme Sylvie Desmarescaux, Mme Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la santé, de la jeunesse et des sports, a précisé que l'étude « Ibiscus » ne montre pas de risque particulier pour les nourrissons allaités. L'allaitement maternel doit continuer à être encouragé aux Antilles. Sur les risques provenant du cordon ombilical, l'étude « Ti Moun » donnera des résultats prochainement. Toutefois, l'étude « Ibiscus » fournit une première estimation du risque en Guadeloupe en faisant état d'un niveau détectable de chlordécone dans le sang maternel et dans celui du nourrisson du fait de la consommation de légumes racines.

Elle a enfin fait valoir à M. Serge Larcher que les propos qu'elle a tenus sur les mesures de protection alimentaires ne constituaient que la traduction des conseils de l'Afssa, dont elle se devait d'informer la population antillaise au nom du principe de précaution. Dans son avis du 7 septembre 2007, l'agence avait en effet rendu publique une liste de sept aliments à risque, essentiellement des produits du jardin et de la pêche, pour lesquels elle avait fixé des limites de consommation hebdomadaire.

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