En réponse, M. Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, a indiqué que :
- si l'idée de « clause sociale » avançait lentement, mais régulièrement au plan international, quelques accords ayant été déjà signés entre la CISL et certaines multinationales dans les secteurs de la métallurgie et de l'alimentation notamment, il restait encore beaucoup de chemin à parcourir pour atteindre les ambitions souhaitées ;
- si l'anticipation des responsables d'entreprises n'était pas condamnable en elle-même, il convenait d'examiner dans quelles conditions sociales elle était mise en oeuvre. Or, à cet égard, les réflexions sur les perspectives en matière de métiers et de qualifications n'avaient été entreprises par l'ex-Commissariat général du Plan, à l'initiative d'ailleurs de FO, que depuis une demi-douzaine d'années seulement, et les instruments d'observation et d'anticipation à moyen terme étaient encore aujourd'hui trop peu nombreux ;
- l'un des effets pervers de la mondialisation actuelle était le recul du politique au profit de la stricte logique de marché, dictée par des considérations financières à court terme qui, comme le révélait désormais clairement le problème posé par le principe même des stock-options, bien plus que par leur niveau faramineux, sacrifiaient l'investissement à la recherche de la rentabilité immédiate du capital ;
- bien que pouvant être amenée à signer des accords d'intéressement et de participation, FO n'était pas favorable, par principe, à l'actionnariat des salariés dans leur propre entreprise, estimant qu'il convenait de donner la priorité aux salaires, qu'il ne fallait pas entretenir la confusion entre les deux types de revenus et que la participation posait un problème de schizophrénie au salarié-actionnaire dans le partage de la valeur ajoutée ; à ces observations, M. Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, a ajouté qu'à titre personnel, il lui semblait dangereux de faire dépendre tous ses revenus d'une seule et même entreprise ;
- Force ouvrière regrettait la disparition du débat économique en France, l'économie étant présentée comme une science exacte structurée par des normes non discutables - telles que les ratios communautaires de 3 % de déficit public ou de 60 % d'endettement public - qui contraignaient les décideurs à chercher des marges de manoeuvre sur le terrain social ; au contraire, M. Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, a considéré que l'économie était une science sociale qui, à ce titre, laissait la voie ouverte à des débats et à des choix justifiant la prise de décisions politiques ;
- son organisation syndicale ayant une conception exigeante de la négociation, gage de son indépendance, elle ne s'engageait que sur des compromis satisfaisants, c'est-à-dire des accords lui semblant apporter quelque chose de positif pour les salariés.
Enfin, prenant la création de la monnaie unique et de la Banque centrale européenne comme exemple de l'abandon d'outils économiques par les pouvoirs publics, qui se privent ainsi de facultés d'ajustement, M. Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, a repris à son compte la formule de M. Luc Ferry qualifiant de « dépossession démocratique » le processus observé depuis une vingtaine d'années et ressenti comme tel par les citoyens, avant que d'exprimer le voeu que le débat économique soit réhabilité pour ne pas laisser au seul champ social le fardeau des ajustements.