Remplaçant M. Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, M. Didier Hotte, assistant confédéral, a apporté les réponses suivantes :
- tout en relevant que les sociétés coopératives ouvrières de production avaient un lien historique très fort avec le mouvement syndical, il a estimé que les rapports sociaux entre les salariés et la direction devaient y être assis sur les mêmes principes que dans les autres entreprises ;
- observant qu'au cours de l'histoire, la mondialisation s'était souvent entendue comme le développement du commerce par la force des armes, il a estimé que l'évolution récente, bien que plus satisfaisante à cet égard, était encore loin de convenir totalement ; il a en outre regretté que le multilatéralisme cède de plus en plus souvent le pas aux relations bilatérales, les Etats-Unis usant en particulier de cette voie pour favoriser la pénétration des grandes multinationales dans les pays émergents ;
- s'agissant de l'intégration des immigrés, qu'il a lui aussi souhaitée meilleure, il a présenté les programmes de formation à l'action syndicale menés par FO tant en France qu'à l'étranger, avant que de se demander si certains pays africains, où une sorte d'élite salariale est très correctement protégée, tandis que la majorité des salariés ne dispose pas des droits fondamentaux, ne servaient pas de « laboratoires » à des pratiques que d'aucuns souhaiteraient imposer dans les pays développés ;
- après avoir récusé la tentation de rendre obligatoire l'affiliation syndicale pour faire face à la faiblesse du syndicalisme français, estimant que l'action syndicale ne pouvait être que l'exercice d'une liberté, il a souligné que la force du syndicalisme ne s'appréciait pas seulement à l'aune des effectifs, mais aussi à celle de l'utilité et des pouvoirs de l'action syndicale ; il a ainsi fait observer que si les Unions britanniques regroupaient plusieurs millions d'adhérents, elles avaient, depuis l'époque où Mme Thatcher était Premier ministre, des capacités d'action extrêmement réduites, tandis que le syndicalisme italien était essentiellement lié au fait que le bénéfice de l'action sociale, et en particulier du système des retraites, passait par l'adhésion syndicale ; il a ajouté que si toute amélioration des moyens de fonctionnement et de présence des syndicats dans les entreprises et les quartiers était évidemment bonne à prendre pour renforcer leurs capacités d'intervention, le jugement sur l'efficacité d'un système devait surtout se faire au regard de ses résultats ; à ce titre, il a estimé que la situation des salariés français n'était pas moins favorable, globalement, que celle de leurs collègues de pays où le taux de syndicalisation était beaucoup plus élevé et, prenant l'exemple de la récente contestation du contrat de première embauche (CPE), il lui a semblé que les jeunes et les citoyens avaient accordé un réel crédit aux analyses syndicales ; en tout état de cause, il a considéré que, pour éviter la répétition des problèmes, notamment ceux subis l'an dernier dans les banlieues, il était nécessaire de reconnaître des droits aux citoyens et aux salariés, et que le syndicalisme ne pouvait pas tout prendre à sa charge, le politique ayant également sa part de responsabilité à assumer ;
- s'agissant de la logique de prédateurs économiques suivie par les grandes multinationales à la faveur de la mondialisation, il a estimé qu'il revenait aux Etats nationaux de lui opposer d'autres logiques plus respectueuses des droits et des intérêts des citoyens ; à cet égard, il a souligné que la compétitivité passait aussi par l'exportation des droits sociaux, et pas seulement des technologies ou des capitaux ;
- enfin, en ce qui concerne le projet de fusion GDF/Suez, il a regretté le délitement de la conception du service public et estimé que l'ouverture du marché communautaire de l'énergie avait été insuffisamment pensée au niveau européen au regard des conséquences qu'elle pouvait entraîner sur l'indépendance énergétique des Etats membres comme sur l'approvisionnement des populations et des entreprises à des coûts raisonnables ; il a également indiqué comprendre à la fois les personnels de GDF, attachés comme lui à la pérennité du service public et favorables à d'autres options, telles que la fusion EDF/GDF, et les salariés de Suez, inquiets du démantèlement probable de leur entreprise en cas d'achat par un groupe étranger, qu'il soit communautaire ou non, et donc favorables à la fusion GDF/Suez.