Intervention de Klaus Neubert

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 25 janvier 2005 : 1ère réunion
Audition de s. exc. M. Klaus Neubert ambassadeur d'allemagne

Klaus Neubert, ambassadeur d'Allemagne :

a reconnu que les récentes élections en Allemagne, qui ont conduit à ce que les deux grands partis populaires participent à un même gouvernement, avaient pu étonner en France. L'Allemagne était aussi passée, ces dernières années, a-t-il précisé, d'un système politique animé par les trois partis traditionnels (SPD, FDP et CDU/CSU) à une configuration où sont présents, en outre, l'ancien parti communiste de la République démocratique et celui des Verts. L'ambassadeur a ensuite mis en lumière de profondes différences structurelles et de culture régionale qui existent entre la France et l'Allemagne. Ainsi, les Länder allemands constituent des « Etats libres » depuis des siècles, et ils assument cette spécificité avec une certaine fierté, spécificité dont le système politique allemand s'accommode bien. Il était également nécessaire, pour l'Allemagne contemporaine, de constituer une coalition afin que s'expriment les différences de sensibilité politique. Le parti chrétien démocrate allemand n'est pas un parti de droite traditionnel, et finalement chacun des deux grands partis populaires est, en lui-même, une coalition. Des différences existent entre les partis politiques allemands, mais les problèmes à résoudre quotidiennement ont pour origine les divergences entre le pouvoir central et les Länder. Les problèmes à traiter au niveau national sont le chômage, la formation scolaire et professionnelle, la stabilité du système de protection sociale ou la réforme du système de santé. Il y a aussi ceux qui se posent au niveau européen, et qui concernent plus particulièrement la recherche, l'approvisionnement en ressources, notamment dans le domaine de l'énergie.

a rappelé que, pour l'Allemagne, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, la reconstruction morale, économique, sociale, ne pouvait se réaliser que dans le cadre européen, et, singulièrement, en coopération avec la France. C'est ainsi que la France et l'Allemagne ont inventé, ensemble, la CSCE (Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe) en 1972, qui a contribué à alléger le poids de l'URSS sur les pays d'Europe Centrale. Les deux pays ont toujours été des acteurs clés pour l'Europe, et c'est ce socle commun franco-allemand qui a permis de dépasser les rivalités traditionnelles en Europe.

Le passé européen s'est inscrit, depuis près de 50 ans, a poursuivi l'ambassadeur, dans le cadre d'une intégration qui permettait de rétablir la liberté, de reconstituer les forces économiques et de reconcilier les peuples. Désormais, il convient d'affronter de nouveaux défis : le fonctionnement de nos sociétés, les inquiétudes démographiques, les problèmes d'énergie et de matières premières et la réponse à apporter aux ambitions sociales et économiques de nations à bas niveaux de vie. Dans ces domaines, l'Union européenne constitue une base commune indispensable qui permet d'obtenir le meilleur résultat possible. Au sein de celle-ci, la France et l'Allemagne sont les deux parties « du coeur de l'Europe». Ces deux nations, qui doivent assumer le rôle de « puissante locomotive », sont aussi, par ailleurs, les seuls grands Etats industriels qui survivent en Europe.

a souligné le respect qu'inspirait le bilan du demi-siècle écoulé, marqué par une politique d'intégration, d'amitié et de coopération. C'est sur ce socle que doit s'appuyer la revitalisation du traité de l'Elysée et le dynamisme du conseil conjoint des ministres franco-allemand, dont la prochaine réunion aura lieu en mars prochain. La France et l'Allemagne doivent veiller à coopérer ensemble dans les domaines de compétence européenne où la Commission a l'initiative. Dans le cadre du principe de subsidiarité, les Parlements garderont, par ailleurs, de vastes compétences. Il importe donc que la France et l'Allemagne s'accordent entre elles sur la meilleure manière de coopérer, en Europe et pour l'Europe, même s'il existe, dans chaque pays, des traditions juridiques, administratives et sociales différentes.

s'est félicité que le problème relatif aux perspectives financières ait été levé en décembre dernier. Le Conseil de Bruxelles a d'ailleurs démontré la grande capacité technique des délégations française et allemande à négocier, et qui a permis d'aboutir. L'ambassadeur a conclu en affirmant que le « couple » franco-allemand était plus que jamais nécessaire.

Un débat a suivi l'exposé de M. Klaus Neubert.

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