Parler de profondeur stratégique a quelque chose d'irréel face à ce qui se trouve de l'autre côté de la frontière. Pourtant, ce sujet fait partie de la culture pakistanaise, où l'on est obsédé par la crainte d'être pris en tenaille entre l'Afghanistan et l'Inde. Le rôle du Pakistan est donc crucial pour aboutir à une solution. Le négliger garantirait un échec.
En réalité, l'affaire Ben Laden montre que certains milieux pakistanais jouent sur deux tableaux. J'estime nécessaire de lui offrir des contreparties politiques effectives en Afghanistan, car les Pakistanais ne croient ni aux garanties internationales, ni aux accords écrits. La condition à poser ? Qu'ils cessent de jouer à la politique du pire. La volonté commune de 47 pays de retirer leurs soldats dans la dignité offre au Pakistan une vraie carte à jouer. L'histoire de Ben Laden a provoqué un réveil. Les Américains veulent en parler avec les Pakistanais. Mais il ne faut pas seulement leur dire qu'on a compris leur jeu : il faut aussi se mettre à leur place, comme toujours en politique : ils n'ont aucune raison d'abattre leur dernière carte sans contrepartie.
Aucune solution n'est envisageable en Afghanistan sans le Pakistan. On peut le regretter, non l'ignorer.