Intervention de Michèle Pappalardo

Mission commune d'information sur la sécurité d'approvisionnement électrique de la France et les moyens de la préserver — Réunion du 9 mai 2007 : 1ère réunion
Audition de Mme Michèle Pappalardo présidente de l'agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie ademe

Michèle Pappalardo, présidente de l'ADEME :

A titre liminaire, Mme Michèle Pappalardo, présidente de l'ADEME, a observé que les objectifs de lutte contre l'effet de serre et de maîtrise de la consommation d'énergie globale peuvent s'opposer à celui de diminution de la consommation d'électricité, citant pour exemple la politique de promotion des véhicules électriques ou des transports en commun qui a pour conséquence une hausse de la consommation électrique.

Estimant cependant que la maîtrise de cette dernière est indispensable, l'électricité dont l'approvisionnement est le plus sûr étant celle qu'on ne consomme pas, elle a déploré le manque d'ambition des politiques menées dans les années 1970 et 1980, après les deux chocs pétroliers, notamment en raison de la sous-estimation des économies à réaliser. Or, le potentiel est en fait très important, tant dans l'industrie, où il est estimé à quelque 20 térawattheures (TWh) par an, que, surtout, dans le secteur résidentiel-tertiaire, où la consommation d'électricité spécifique (c'est-à-dire qui n'est liée ni au chauffage de l'habitation, ni à celui de l'eau, ni à la cuisson) représente désormais plus de la moitié de la consommation totale. Ainsi, les économies dans ce secteur pourraient sans doute atteindre 60 TWh d'ici à 2020 - et donc permettre une réduction nette de la consommation annuelle de 132 à 122 TWh alors que la poursuite de la croissance « naturelle » la porterait à 182 TWh - si les efforts suivant sont réalisés :

- l'amélioration de l'efficacité énergétique des appareils électroménagers et des équipements de cuisson, de respectivement 2 % et 1 % par an, qui passe par le renforcement de la réglementation ;

- la suppression des sources à incandescence qui, à elle seule, représenterait dans le résidentiel-tertiaire une économie annuelle de 15 TWh ;

- le développement du solaire thermique afin d'assurer 40 % des besoins en eau chaude sanitaire ;

- et la réduction des besoins de chauffage de 1 % par an.

Par ailleurs, Mme Michèle Pappalardo a préconisé de poursuivre les efforts dans la promotion des bâtiments à énergie positive ou faiblement consommateurs, de fixer des objectifs aux constructeurs des « produits bruns » (télévisions, chaînes hi-fi, appareils informatiques...) en matière de veille, d'encourager le choix « écologique » des consommateurs en améliorant encore l'étiquetage des produits ainsi que leur information, voire leur conseil (l'ADEME ayant à cet égard l'ambition de créer des espaces info-énergie, points de contact avec les citoyens et les entreprises), de renforcer le soutien financier aux mesures d'économie d'énergie à travers le livret « développement durable », les crédits d'impôt ou la réduction du taux de la TVA applicable aux produits économes en énergie, et enfin, d'améliorer la formation des professionnels du bâtiment, un problème de compétence en matière d'isolation thermique, notamment par l'extérieur, ayant par exemple été détecté par l'ADEME.

Enfin, Mme Michèle Pappalardo a défini les enjeux dont l'impact sera important sur les modalités et la profondeur du renforcement de l'efficacité énergétique : à savoir, le prix de l'électricité, qui doit intégrer les objectifs environnementaux ; le niveau des obligations fixées pour la deuxième phase des certificats d'énergie européens (2009-2011), celles de la première période n'ayant pas suffisamment incité les fournisseurs à modifier leurs comportements ; l'engagement des professionnels du bâtiment et la création d'emplois qualifiés dans le secteur ; la mise en place de nouvelles normes européennes de consommation des équipements domestiques ; l'utilisation des formes de production décentralisée d'électricité, dans la mesure où celui qui produit son énergie est en général plus attentif à ce qu'il consomme, et, en conséquence, l'adaptation nécessaire des réseaux de distribution ; la correcte analyse des conséquences du changement climatique sur la consommation, sur la production (problème d'utilisation des centrales hydrauliques et nucléaires, modifications de la direction et de la force des vents) et sur les réseaux (dommages liés aux intempéries).

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