Intervention de Jean-Jacques Mirassou

Mission commune d'information sur la désindustrialisation des territoires — Réunion du 8 mars 2011 : 1ère réunion
Examen du rapport

Photo de Jean-Jacques MirassouJean-Jacques Mirassou :

On ne peut traiter un mal qu'après avoir posé le diagnostic. Or ce n'est pas le cas. Quand on a perdu 600 000 à 800 000 emplois industriels, on a essayé d'y substituer des emplois de service. Était-ce manque de volonté politique ou choix délibéré d'accompagner cette mutation ? Comment animer les territoires quand les collectivités sont privées de la taxe professionnelle, dont le dynamisme était incitatif ? Comment, malgré les restrictions budgétaires, mener des actions positives et affirmer la présence des services publics locaux, si importants pour l'attractivité des territoires ?

L'industrie aéronautique, qui me tient particulièrement à coeur, met en oeuvre une technologie de haut vol dans un contexte marqué par les contraintes internationales. Je me retrouve dans l'additif apporté au rapport. Cependant, lorsque j'interroge le ministre sur l'aggravation de la situation des sous-traitants de premier rang, comme Latécoère, il me répond que l'entreprise doit vivre sa vie et que l'État l'accompagnera, au besoin avec le Fonds spécial d'investissement (FSI). Où est le volontarisme du ministre ? Un secteur industriel emblématique justifie une volonté stratégique, une attention du gouvernement, relayée par les collectivités territoriales !

Lorsque je dis cela, on me répond : « on suit les choses avec attention » ! Ce n'est pas ainsi que l'on appuiera les comités de filières qui, si l'État ne pousse pas un peu les feux, auront du mal à paraître crédibles, si ce n'est à survivre.

M. Brégier, PDG d'Airbus, n'est pas pour moi un prophète. Il voit une fatalité dans la délocalisation de certains emplois, mais oublie de préciser que cela signifie aussi, pour Airbus, des transferts technologiques, qui engagent notre pays dans une course poursuite avec la Chine ou l'Inde. Sa mission serait à l'entendre d'avoir toujours un Airbus d'avance. Mais il oublie que les transferts technologiques sont irréversibles. Airbus, qui est à la fois concepteur, monteur et vendeur, n'a conservé que ce qui produit une très forte valeur ajoutée - voir les mâts réacteurs de l'A350. Il est temps de revenir à une pratique plus large.

Je suis donc en désaccord avec la présentation fataliste du rapport, qui laisse de côté la capacité de peser que conserve encore l'État - et je pense aussi au problème du capital d'EADS : Lagardère va se retirer mais il faudra faire en sorte que ses 22,5 % puissent toujours permettre à l'État de peser sur les enjeux du secteur aéronautique.

Ce rapport reste minimaliste, il n'ouvre pas assez de perspectives susceptibles de donner un nouvel essor à notre secteur industriel.

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