Intervention de Jean-Pierre Sueur

Délégation sénatoriale à la prospective — Réunion du 9 juin 2011 : 1ère réunion
« villes du futur futur des villes. quel avenir pour les villes du monde ? » — Rapport de m. jean-pierre sueur

Photo de Jean-Pierre SueurJean-Pierre Sueur, rapporteur :

Dans notre délégation, nous avons engagé de manière pragmatique des relations avec les universitaires. Il me semble que c'est un aspect de la méthode retenue par la délégation sénatoriale à la prospective qui mérite d'être approfondie. En effet, par exemple aux États-Unis, on recourt beaucoup dans le champ politique aux contributions des chercheurs ou des professeurs d'université : on trouve ce mode de travail parfaitement normal. Il y a même des institutions universitaires qui sont financées par des organisations politiques ou par des entreprises.

La délégation sénatoriale à la prospective pourrait être le lieu de cette rencontre entre le monde de l'enseignement universitaire et le monde de la politique. Je peux témoigner du fait que les universitaires - professeurs, maîtres de conférence, chercheurs, doctorants - que nous avons rencontrés sur les villes d'Afrique, d'Amérique latine ou du Moyen-Orient, nous ont apporté avec la plus extrême bonne volonté leur savoir et leur compétence, car ils étaient manifestement très heureux que nous nous intéressions à leurs travaux et qu'ils avaient plaisir à pouvoir s'exprimer en-dehors de leur communauté scientifique.

Je crois que la mondialisation a des aspects positifs et qu'il faut aussi tenir compte de la dimension historique quand on réfléchit aux évolutions futures. Les formes urbaines ont un passé et elles témoignent de l'intelligence de ceux qui les ont réalisées. A titre d'exemple, Carcassonne a, en son temps, été construite sans plan d'occupation des sols, sans direction de l'équipement, sans architecte des bâtiments de France. Il y a un génie des peuples à construire de très belles villes grâce à la transmission d'un savoir qui passait de générations en générations. Nous n'avons pas pu traiter cette dimension historique dans ce rapport, à la fois faute de temps, mais aussi parce qu'il s'agit d'une autre dimension du sujet. Pour autant, il est vrai qu'on pourrait faire une histoire des portes des villes, qui, dans le passé, avait une dimension défensive, mais aussi esthétique, ce qui est loin d'être le cas maintenant. A notre époque où tout va très vite, on ne réfléchit pas toujours assez aux évolutions de long terme. Par exemple en matière climatique, nous sommes loin des précautions que pouvaient prendre les Romains pour faire face aux sécheresses avec la maîtrise de l'eau et des réservoirs. Je suis convaincu que, en se tournant vers l'histoire, on prépare l'avenir.

Quant aux organisations internationales des villes, elles ne disposent pas des moyens financiers leur permettant d'agir à la hauteur des enjeux que nous avons décrits compte tenu du basculement de l'humanité dans le monde urbain. Il ne faut pas croire que les évolutions que nous avons décrites vont se dérouler sans difficultés et dans la sérénité absolue.

Nous n'avons pas sollicité de moyens financiers pour effectuer des déplacements, car il nous a semblé que des missions de quelques jours ne permettaient pas de s'immerger dans les problèmes des villes. J'ai vécu personnellement pendant deux ans à Carthage en Tunisie. Quand on arrive dans une ville nouvelle, on pense au bout de quelques jours ou d'un mois avoir tout compris de son fonctionnement. Mais, au bout d'un an ou deux, on n'est plus tellement certain d'avoir parfaitement compris la ville et son évolution. C'est pourquoi, nous avons pensé que, plutôt que de faire de petits sauts de puces de ville en ville, il serait plus efficace d'utiliser le savoir de quelques personnes - six en tout - qui ont passé de très longues périodes dans différentes villes du monde pour les étudier et les comprendre, notamment dans le cadre de leurs travaux universitaires.

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