Intervention de Fabienne Keller

Délégation sénatoriale à la prospective — Réunion du 9 juin 2011 : 1ère réunion
« villes du futur futur des villes. quel avenir pour les villes du monde ? » — Rapport de m. jean-pierre sueur

Photo de Fabienne KellerFabienne Keller :

Il y a un décalage entre le pilotage de la ville et les décisions individuelles. La responsabilité du politique est aussi de tenir compte des choix personnels tenant à la localisation du logement, de l'école, du travail, du commerce. C'est pourquoi il est souvent nécessaire d'aller très loin dans la qualité des logements à l'occasion d'une rénovation urbaine pour créer les conditions de l'attractivité de certains quartiers.

Je serais peut-être un peu moins sévère années sur les années 1960 ou 1970 si j'en juge par la ville de Strasbourg, où nous avons rénové toutes les écoles construites à cette époque. En vingt ans, Strasbourg avait augmenté d'un tiers sa superficie construite pour accueillir l'exode rural, les immigrés économiques, les rapatriés d'Algérie et pour résorber les bidonvilles. Les nouveaux logements qui avaient été construits pendant cette période avaient été plus spacieux et plus confortables que les logements construits antérieurement.

Il y a eu sans doute quelques excès et des erreurs en matière d'urbanisme. Mais de mon point de vue, c'est plutôt entre 1980 et 2000 que sont nés les problèmes faute d'un bon pilotage de ce développement urbain. Le meilleur exemple est celui des transports publics pour lesquels les décisions n'ont plus été assumées. Une ville doit bouger sans cesse, se renouveler et se moderniser. C'est pourquoi j'ai été très sensible à votre analyse très équilibrée sur le rôle de la voiture dans la ville ; la voiture est souvent indispensable dans un certain nombre de situations. Il faut trouver un équilibre entre le recours à l'automobile et certains usages dispendieux en espace et en énergie et qui pourront être facilement critiqués à l'avenir.

Le camion a permis de s'affranchir des lieux traditionnels de stockage et d'éclatement des marchandises comme l'avaient été pendant des siècles les ports maritimes et fluviaux. Mais cette liberté a aussi un prix en énergie et en pollution de l'air. Il faut se hâter de faire bouger ce modèle pour éviter qu'il ne se répande partout sur la planète ainsi que je l'ai vu encore récemment à Tunis où on continue à construire des ponts et des viaducs autoroutiers comme on le faisait en France il y a 20 ans. Le rapport, de ce point de vue, fournit beaucoup de repères positifs pour faire évoluer le modèle urbain dans la bonne direction. Ressaisissons-nous pendant qu'il en est encore temps et interrogeons-nous maintenant : quelles sont les orientations fortes à donner aujourd'hui à l'urbanisme ?

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