Un élu local est en permanence placé entre le rêve et le réel. Or une ville est aussi un lieu de décisions individuelles, un lieu de marché, un centre d'échanges. C'est pourquoi il faut y créer le désir d'y vivre. Les logements sociaux doivent y être de qualité, en particulier pour éviter d'avoir à refaire une nouvelle rénovation tous les vingt ans. Je critique certaines décisions prises dans les années 1970, comme celles sur les entrées de ville ou sur les voies rapides urbaines. Mais je reconnais bien volontiers que ce fut aussi une période d'expansion économique remarquable pendant laquelle on a résorbé de nombreux habitats insalubres à la suite des prises de position de l'abbé Pierre. On a construit énormément.
Il faut aussi relativiser les prises de positions des uns et des autres. Combien de participants à une manifestation cyclistes viennent, non pas à vélo, mais en automobile ? Combien de partisans de la densité urbaine vivent dans un pavillon entouré de thuyas ? Dans les quartiers des villes nouvelles, on trouve aussi beaucoup de richesse culturelle et de diversité sociale. Mais il est certain que, à partir des années 1980, la politique de la ville a surtout été réparatrice ; c'est le moment maintenant d'adopter une politique plus audacieuse en matière urbanistique, d'autant que l'automobile elle-même va certainement beaucoup évoluer dans les prochaines décennies.