a d'abord rappelé le contexte général dans lequel s'était inscrite sa mission, précisant qu'elle avait débuté début 2000 et débouché, en mars 2002, sur la publication du rapport « Reconsidérer la richesse » lors d'une conférence internationale en présence du président de la République et du Premier ministre français de l'époque. Il a ajouté que cette conférence avait été coorganisée avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), seule institution alors investie dans la recherche d'indicateurs économiques alternatifs.
Il a indiqué que les travaux sur ce sujet avaient depuis largement progressé et étaient aujourd'hui intégrés par les acteurs de la société civile, ainsi que par des institutions internationales comme la Banque mondiale, le Fonds monétaire international ou l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Il a ajouté qu'ils avaient donné lieu à un colloque au Parlement européen il y a quelques mois intitulé « Au-delà du PIB ».
Dans ce contexte d'accélération d'une prise de conscience collective des enjeux, la commission à vocation internationale faisant suite au Grenelle de l'environnement, mise en place à l'initiative du président de la République et animée par Joseph Stiglitz et Amartya Sen, premier théoricien des indicateurs alternatifs au taux de croissance, se réunira le 22 avril et aura pour principal objectif d'établir un lien entre lesdits indicateurs et la prise de décision publique.
Les réformes économiques et le traitement des dérèglements climatiques préconisés par la communauté internationale nécessitent une réduction préalable des injustices sociales, a poursuivi M. Patrick Viveret. C'est ainsi qu'aux deux premiers piliers -économique et environnemental- constituant le triptyque du développement durable, est aujourd'hui privilégié le troisième, de nature sociale. La mise en oeuvre de mesures promouvant un tel développement est en effet soumise à leur acceptation par les populations concernées.
A l'origine perçus comme excessivement pessimistes, les travaux du groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) sont aujourd'hui considérés comme trop optimistes au regard des connaissances acquises sur le sujet. Situant, non plus à 2010 ou 2050, mais seulement à 2030 les échéances ultimes, l'OCDE insiste dans son dernier rapport sur l'urgence de réorganiser dès à présent, de façon rapide et radicale, les modes de production et de distribution.
Dans ce contexte, la question de la pertinence des instruments de mesure, et notamment de l'opportunité d'un indicateur social, devient déterminante. Elaboré aux Etats-Unis à partir d'une dizaine de grandes variables objectives et incontestables, l'indice de santé sociale, évoqué dans le rapport « Reconsidérer la richesse », se démarque de la mesure de la croissance du produit intérieur brut (PIB) : si les deux évoluaient parallèlement à la hausse jusqu'aux années 60/70, le premier a ensuite stagné, puis décroché par rapport au second aux Etats-Unis et dans certains pays européens. La revue Alternatives économiques et le réseau d'alerte sur les inégalités ont ainsi créé l'indice BIP 40, indicateur synthétique des inégalités et de la pauvreté. A un niveau plus local, des initiatives sont également prises en ce sens : ainsi, la région Nord-Pas-de-Calais cherche à adapter les indicateurs de développement humain à son échelle et à modifier en conséquence les processus décisionnels.