Suite à une interrogation de M. Bernard Seillier, rapporteur, M. Patrick Viveret a souligné la lenteur de la diffusion de ces nouvelles approches de la croissance et du bien-être, les enseignements économiques étant très majoritairement construits sur des théories néoclassiques et néomarginalistes. Si la prise de conscience est assez rapide au sein de la société civile internationale, elle l'est moins au sein des institutions internationales, et moins encore dans un cadre national. Indiquant que les choix globaux de société précédaient la constitution des indicateurs, il a fait référence au système français de comptabilité national, élaboré après la guerre et basé sur les impératifs de la reconstruction et de la modernisation de l'économie. Aujourd'hui, de nouveaux instruments de mesure vont se développer en raison des besoins des décideurs politiques qui cherchent à réguler certains secteurs d'activité, comme le montre la commande du président de la République à la commission Stigltitz.
A M. Bernard Seillier, rapporteur, qui l'interrogeait sur les orientations que la mission d'information sénatoriale pourrait utilement suivre, M. Patrick Viveret a évoqué la nécessité de substituer aux indicateurs monétaires, auxquels on recourt principalement en raison de leur universalité et leur simplicité d'usage, de nouveaux types d'indicateurs. Le gonflement de l'économie spéculative, dont les flux sont cent fois supérieurs à ceux de l'économie réelle, déconnecte l'unité monétaire des éléments matériels sur lesquels elle est assise. Or, en l'absence d'autre unité de mesure, les institutions internationales sont contraintes de monétariser des éléments de capital naturel ou humain pour les évaluer : l'OCDE a par exemple calculé que ces derniers constituaient 84 % du capital global.