Intervention de Bruno Tardieu

Mission commune d'information sur les politiques de lutte contre la pauvreté et l'exclusion — Réunion du 29 janvier 2008 : 1ère réunion
Audition de Mme Véronique daVienne déléguée nationale adjointe M. Bruno Tardieu délégué national et Mme Marie-Aleth Grard membre allié d'atd quart monde-france

Bruno Tardieu, délégué national :

a rappelé la définition qu'en donne le père Joseph Wresinski dans le rapport « Grande pauvreté et précarité économique et sociale » présenté au CES en 1987, qui précise notamment que la précarité est l'absence d'une ou de plusieurs sécurités, notamment celles de l'emploi, permettant aux personnes et aux familles d'assumer leurs obligations professionnelles, familiales et sociales, et de jouir de leurs droits fondamentaux.

Ce rapport établit également un lien entre grande pauvreté et respect des droits fondamentaux, qui a conduit le Conseil des droits de l'homme à définir des principes directeurs de la lutte contre la pauvreté.

Il existe ainsi une continuité entre précarité et grande pauvreté : il faut donc lutter contre les deux phénomènes conjointement en développant davantage les politiques de prévention de l'exclusion.

La pauvreté résulte du cumul de précarités ou, selon l'expression d'Amartya Sen, de la « perte durable de sécurités » : en conséquence, l'objectif doit être de rétablir simultanément l'ensemble des droits fondamentaux, afin de redonner aux individus leur dignité et d'enrayer la spirale négative qui conduit à l'exclusion sociale. En effet, l'absence de formation compromet souvent l'obtention d'un emploi bien rémunéré et stable, mais rend aussi plus difficile la scolarisation des enfants et la vie de famille, ainsi que l'accès aux soins et à un logement autonome, décent et pérenne.

C'est la raison pour laquelle les politiques sectorielles sont vouées à l'échec, car elles traitent les problèmes de façon segmentée et partielle, plutôt que de considérer, dans sa globalité, la situation des personnes. Au contraire, les actions à mettre en oeuvre doivent se fonder sur l'élaboration, avec la personne ou la famille concernée, d'un projet unique autour duquel se mobilisent les travailleurs sociaux dans chacun des domaines à considérer. Seule une politique multisectorielle cohérente garantissant des sécurités dans les domaines fondamentaux peut déclencher l'adhésion, la mobilisation et la responsabilisation des personnes et des familles.

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